Masser pendant la défibrillation : sans risque ?

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Maxime
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Masser pendant la défibrillation : sans risque ?

Message : # 17803Message non lu Maxime »

Le 17 Juin 2008 - (APM International) : La poursuite des compressions thoraciques pendant la délivrance des chocs de défibrillation externe chez les victimes d'un arrêt cardiaque est sans danger pour la personne exerçant les compressions, montre une étude américaine.

L'électrocution des secouristes a été reconnue comme un risque de la défibrillation externe et il a alors été recommandé d'interrompre brièvement les compressions thoraciques pendant l'application des chocs. Mais cela va à l'encontre des recommandations de l'American Heart Association (AHA) qui souligne l'importance de réduire au minimum les interruptions des compressions. Il a en effet été observé que toute interruption des compressions, même brève, était délétère pour la ressuscitation.

La technologie des défibrillateurs externes s'est toutefois améliorée avec le temps, en particulier les palettes qui entrent en contact avec le torse du patient ont été remplacées par des électrodes auto-adhésives, améliorant le couplage entre l'électrode et la peau, et les chocs biphasiques ainsi que l'impédance en temps réel ont réduit le voltage maximum.

Le Dr Michael Lloyd et ses collègues de l'Emory University Hospital à Atlanta et ses collègues ont donc voulu évaluer la sûreté pour le secouriste du maintien du contact direct avec le patient pendant la délivrance d'un choc.

L'étude a été menée auprès de 43 patients nécessitant une cardioversion programmée pour une fibrillation atriale ou un flutter persistant ou devant recevoir un examen électrophysiologique invasif avec une cardioversion ou une défibrillation externe.

Pendant la délivrance des chocs, l'un des co-investigateurs devait mimer une compression thoracique, en plaçant la paume de ses mains, portant des gants médicaux en polyéthylène, en contact direct avec le torse nu du patient et en appuyant de la même façon, à côté de l'électrode délivrant les chocs.

Aucun choc n'a été perceptible pour l'investigateur effectuant la fausse compression.

Les différences de potentiel maximales entre le poignet et la cuisse de l'investigateur allaient de 0,28 à 14 V et le courant de fuite moyen passant dans le corps de l'investigateur à chaque phase de l'onde de choc était de 283 µA.

"Ceci est en dessous de plusieurs standards de sécurité recommandés pour le courant de fuite", notent les auteurs.

"Les secouristes effectuant des compressions thoraciques pendant la défibrillation externe biphasique sont exposés à de faibles niveaux de courant de fuite. Ces résultats soutiennent la faisabilité de compressions thoraciques ininterrompues pendant la délivrance de chocs, ce qui peut améliorer l'efficacité de la défibrillation et de la ressuscitation cardiocérébrale", concluent les auteurs.

(Circulation, vol.117 n°19, pp.2510-2515)
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Message : # 17809Message non lu Invité »

ça c'est vraiment interressant !!
on va pouvoir optimiser le MCE !
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Maxime
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Message : # 17810Message non lu Maxime »

Ça semble un peu risqué par rapport au bénéfice, non ?

On m'avait parlé de DAE permettant l'analyse pendant le massage... Là on gagnerai vraiment du temps (plusieurs secondes), et en sécurité.

Ça fait quoi au sauveteur si les électrodes ne sont pas bien collées, ou si le patient est couvert de sueurs (et qu'on a pas de gants) ? En outre, ça serait intéressant de voir si les chocs pour ce genre de thérapeutique sont les mêmes que des chocs pour des ACR réalisés par un DAE.
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Message : # 17816Message non lu Invité »

c'est clair que le danger serait de généraliser une pratique si tous les appareils ne sont pas identiques (donc avec les mêmes spécifications sur le choc), et si l'on est pas sûr de sa sécurité.
Neanmois.... je m'interroge sur tes remarques.
si les électrodes ne sont pas bien collées, ou si le patient est couvert de sueurs (et qu'on a pas de gants)
cela voudrait dire que l'opérateur est un peu léger.... voir dangeureux pour lui même déjà. Dans le cadre de l'urgence, il y a des choses qu'on ne peut pas prendre à la légère. Intervenir sans gants me fait hérisser les cheveux. pour que tes electrodes ne collent pas, il faut le vouloir (ou que la victime soit bien trempée) et là aussi... il faut être professionnel. Ceci étant dit, si l'on parle du secouriste de base qui intervient rarement, on peut le prendre en compte et se poser la question.

Après le bénéfice ne me semble pas si anodin que cela. Pense aux secouristes qui passent du temps à partir du moment ou le choc est recommandé et la reprise du massage. Je pense que le vrai problème se situerai plus dans l'aspect psychologique des intervenants d'avoir peur de se prendre une chataigne... et tu as raison de dire que si le DAE permettait de continuer de masser pendant l'analyse on gagnerait du temps. Les deux combinés et ce serait parfais... on éviterait toute interférence humaine.
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Maxime
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Message : # 17825Message non lu Maxime »

Les secouristes qui manipulent régulièrement les DAE sont loin d'être tous des professionnels en france, les SDIS sont loin de n'être composés que de pros.

En fait, je pensais plutot au personnel de santé des services, souvent isolés la nuit (au moins), et qui n'ont pas l'occasion de pratiquer si souvent que ca... Surtout quand on voit le texte de décembre 2007 qui n'oblige plus les professionnels diplômés à être formés aux gestes d'urgence... Dans la série perte de chance pour le patient, on atteint des sommets...

Chercher ensuite si on risque ou pas de se faire mettre au tapis si on masse pendant un choc, ca me semble revenir a tourner les yeux dans la mauvaise direction...

Il y a un risque a transposer une experience d'un bloc opératoire très particulier vers l'ensemble des situations d'urgence necessitant un DAE.

Pas le même personnel, pas les mêmes appareils, pas le même contexte... Ca me parait leger. Il faudrait je pense faire des études plus serieuses pour pouvoir dire a tous les secouristes de faire pareil.

En outre, j'ai au moins un exemple de médecin urgentiste qui a passé qques heures en réanimation pour surveiller des extrasystoles suite a un contact avec un patient lors d'un choc (a l'époque, surement encore en monophasique, mais bon...). Je sais pas si ce cas est isolé ou si certains ont eu d'autres histoires du même tonneau.
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