kris a écrit :donc notre "apprenant" revient avec du sucre......mais les formateurs ont changé de cas.
Bonjour,
Avec les informations dont je dispose, je pense qu'il serait malvenu de se lancer dans une critique aussi virulente du formateur. Parce que là, ça ressemble à une descente en flammes (ou à un cassage de sucre, pour coller au sujet de l'hypoglycémie).
Primo, le fait de faire les formations afgsu nous impose de bien maîtriser les concepts que nous sommes sensés faire passer. Le sujet du malaise hypoglycémique m'a conduit à réviser la physiopathologie de la régulation de la glycémie, et c'est pas si simple. Non qu'il faille faire un cours complet sur le sujet, mais quand je fais une formation, j'estime devoir en savoir plus que ce que je pense faire passer.
Secundo, c'est l'occasion de se rendre compte que ce qui nous semble simple ne l'est pas autant qu'on le pense.
Tercio, ça m'a conduit à m'interroger sur ce qui restera d'une formation. En particulier quand je fais des recyclages...
En très résumé, voici les messages clefs qui m'intéressent à propos de l'hypoglycémie quand mon public est infirmier, ési, éia, éibo :
-l'hypoglycémie conduit à deux situations totalement différentes, le malaise hypoglycémique, qui doit être géré comme un malaise (personne consciente, donc on peut lui soutirer des informations et in faudra qu'il se mette à table ;-), et le coma hypoglycémique, qui doit être géré comme un coma qui respire (en dehors d'un protocole de soins, l'objectif principal va être de protéger les voies aériennes en tournant la personne sur le côté) ;
-il n'y a que les diabétiques qui font des comas hypoglycémiques, et la très grande majorité sont traités par l'insuline (le coma n'existe pas chez le non diabétique, et est très rare avec les antidiabétiques oraux) ;
-il n'y a qu'une hormone qui fait baisser la glycémie, et une foule d'hormones qui fait monter la glycémie ; donc l'évolution sans traitement d'un malaise ou d'un coma hypoglycémique est la remontée de la glycémie et donc la disparition des signes ; en dehors de l'usage de grosses doses d'insuline lente, les patients qui font un comas hypoglycémique reprendraient conscience même sans traitement, et il est probable qu'un certain nombre de diabétiques font des comas hypo (ou au moins des glycémies très basses) pendant la nuit sans s'en rendre compte ;
-donc le problème principal est d'éviter les complications du coma (et quand même d'éviter que ça ne dure trop, ça fatigue les neurones...) ;
-l'équilibre de la glycémie dépend d'un ensemble de choses, mais principalement de l'insuline (endogène ou exogène), l'apport en sucre (alimentation, sucre lent, sucre rapide, et apports intraveineux le cas échéant), et de l'effort physique ; la prise en charge de l'hypoglycémie consiste
aussi à comprendre le mécanisme ; et quand on n'a pas d'explication, c'est souvent qu'il y a un piège (les plus fréquents étant l'infection et les interférences et erreurs médicamenteuses).
Pour en revenir à ce qui est réellement compris et ce qui reste des messages qui sont enseignés, je me suis aperçu que des choses qui me paraissent très simples comme la défibrillation (analyse toutes les deux minutes, rythme chocable ou pas, reprendre le massage après le choc, adrénaline et cordarone au troisième choc), eh bien c'est loin d'être des évidences, quel que soit le métier des apprenants (infirmier, médecin, kiné, aide-soignant, technicien de laboratoire, sage-femme...).
Et pour finir, une histoire de chasse sur l'hypoglycémie : une infirmière constate un malaise hypoglycémique chez un patient diabétique. Étant donné que le patient est conscient, elle décide de le ressucrer
per os. Et elle emploie pour ça... du coca light... Elle justifie son choix en évoquant le fait que le coca pas light, c'est pas bon pour les diabétiques...
Je me sers de cette histoire en formation. Je pose la question, « vous voulez le resucrer en lui faisant avaler du sucre rapide, que pouvez-vous utiliser ? ». Là, on obtient une foule de réponses, jus de fruit additionné de sucre, coca, verre d'eau avec cinq sucres (c'est curieux, c'est toujours cinq), lait concentré sucré... Et là, vous proposez le coca light...