Est-ce parce qu'on est mieux formé qu'on est plus efficace ?
Très bonne remarque.
Cependant, je pense ici qu'il serait intéressant de distinguer l'efficacité de l'efficience...Je m'explique.
Qu'est ce qu'être efficace? Par définition, l’efficacité est la capacité de parvenir à l’effet attendu ou souhaité par le biais de la réalisation d’une action.
Afin de réaliser cette action, je dois passer par l'apprentissage (ou formation initiale) pour concrétiser celle-ci.
Prenons un exemple : la pose d'une VVP. Sans notre formation initiale d'infirmier, nous étions tous incapable de poser une perfusion dans les règles de l'art afin d'éviter la nocuité potentielle de notre geste (ex : non respect des règles d'hygiène et d'asepsis entrainant une infection du point de ponction, diffusion d'un produit X hors de la lumière veineuse lié à une mauvaise cathétérisation de celle-ci dont les conséquences peuvent être dramatiques). En cours de formation, nous apprenons régulièrement la technique et réussissons à accomplir l'ensemble de la procédure en diminuant d'une part, le temps de réalisation et, d'autre part, en économisant le matériel (ex: nombre de compresses, de cathéters ...). C'est là qu'intervient le terme d'efficience.
L'efficience, par définition,c'est la qualité d'un rendement permettant de réaliser un objectif avec l'optimisation des moyens engagés. Autrement dit c'est l'efficacité de l'efficacité.Ou encore, c'est la capacité de produire le maximum de résultats avec le minimum d'effort, de dépense.
Ainsi, ma formation d'IDE m'a permis d'être efficace dans la pose de VVP. Puis, à force de répétion du geste, je suis devenu efficient. Je maitrise donc la procédure dans son ensemble. J'ai appris le "savoir" et maitrisé le "savoir-faire".
Cependant, la formation permet-elle automatiquement le "savoir" et le "savoir-faire"? C'est là qu'intervient la notion de l'individu et de son implication dans l'apprentissage de sa formation.
La formation est-elle gage d'efficacité ? A priori oui, si l'on s'en tient aux définitions. L'individu en est-il pour autant efficace ? A priori oui car celui-ci, par l'obtention de son DE est parvenu à satisfaire aux exigeance du cursus de formation. Par la suite, au regard d'une formation continue (formation interne) dispensé par le service, celui-ci apprendra son métier et perfectionnera ses techniques aux regard des exigeances du service. Il deviendre efficient dans son domaine d'activité (ex: un infirmier de diabéto n'a pas la même prise en charge qu'un infirmier de réa).
L'Institution propose des DU afin d'approfondir ses connaissances dans un domaine d'activité spécifique, exemple le DU de Soins infirmiers prodigués aux patients adultes de réanimation, salle de surveillance post-interventionnelle, soins continus et urgence.Ici il est question d'approfondissement des connaissance théorique et pratique (comme tout les DU d'ailleurs). Grâce au DU, l'IDE améliore ses connaissances, il affine son raisonnement et donc, à priori améliore sa prise en charge. Il devient plus efficace et approche, en fonction de son implication personnelle, l'efficience tout en respectant son cadre de compétence ( notre décrêt).
Le DU permet-il des gestes supplémentaires ? Non.
Le DU est-il reconnu par une augmentation salariale ? Non.
Des formations IDE au SMUR existe (
http://www.panacea-conseil.com/formatio ... -smur.html). Ce genre de formation est accessible au personnel IDE travaillant depuis peu ou souhaitant travailler au SMUR. La durée de formation est de 5 jours et son coût de 1400 E HT.
Je constate, au vu de se programme de formation, qu'il est question d'approfondissement des connaissances théoriques en matière de médecine d'urgence, d'apprentissage de manipulation du matériel et des principaux gestes d'urgences. Plus loin, dans le matériel pédagogique, l'enseignement permet l'apprentissage des gestes sur mannequins et têtes d'intubations.
Il me paraît pour le coup tout à fait légitime de montrer la technique de l'IOT à l'IDE afin que celui-ci connaisse le geste afin de pouvoir anticiper les différents impératifs liés à ce geste.Il est question ici de sécurité pour le patient.
Est-il pour autant question que celui accomplisse le geste en toute légétimité ? Non, le décrêt l'interdit...à l'exception d'un seul : l'IADE.
En lisant ce programme de formation, je ne peux que constater qu'il survole (tel un satellite) une bribe de notre cursus de formation concenant notre programme de formation liée à l'urgence préhospitalière et au managment des voies aériennes. Cette activité nécessite donc un apport de connaissance spécifique que ne dispense pas la formation IDE.
Alors, si je mets dans la balance d'un côté cette formation de 5 jours et de l'autre la formation diplômante de l'IADE, de quel côté pensez vous que celle-ci penchera ?
Si je mets dans la balance efficacité de la formation de 5 jours et efficacité de la formation diplômante de l'IADE, de quel côté pensez-vous que celle-ci penchera ?
Et enfin, si je mets l'efficience de l'individu bénéficaint de la formation de 5 jours et de l'autre l'efficience de l'individu bénéficiant de la formation diplômant 'IADE, de quel côté pensez-vous que la balance penchera ?
Et l'expérience dans tout cà ?
Un IDE travaillant au sein d'un SMUR fait-il moins bien qu'un IADE ? Cette interrogation ici exposez est volontairement provocatrice car, au fond, elle traduit bien la problématique (bien qu'il n'y en ai aucune) que certains IDE traduisent à l'encontre des IADE travaillant en SMUR et de leur "supériorité" vis-à-vis d'eux.
Ma réponse est toute simple : un IDE de SMUR fait tout simplement son travail au regard des textes réglementaires en vigueur.Il apporte en plus son expérience de terrain qui permettra de sécuriser au maximum la prise en charge du patient dans la limite de ses compétences.
L'IADE fait lui aussi tout simplement son travail. Outre notre décrêt IDE nous y rajoutons notre article :
"
Article R. 4311-12
L'infirmier ou l'infirmière, anesthésiste diplômé d'Etat, est seul habilité, à condition qu'un médecin anesthésiste-réanimateur puisse intervenir à tout moment, et après qu'un médecin anesthésiste-réanimateur a examiné le patient et établi le protocole, à appliquer les techniques suivantes :
1.Anesthésie générale ;
2.Anesthésie loco-régionale et réinjections dans le cas où un dispositif a été mis en place par un médecin anesthésiste-réanimateur ;
3.Réanimation peropératoire.Il accomplit les soins et peut, à l'initiative exclusive du médecin anesthésiste-réanimateur, réaliser les gestes techniques qui concourent à l'application du protocole.En salle de surveillance postinterventionnelle, il assure les actes relevant des techniques d'anesthésie citées aux 1°, 2° et 3° et est habilité à la prise en charge de la douleur postopératoire relevant des mêmes techniques.Les transports sanitaires mentionnés à l'article R. 4311-10 sont réalisés en priorité par l'infirmier ou l'infirmière anesthésiste diplômé d'Etat.L'infirmier ou l'infirmière, en cours de formation préparant à ce diplôme, peut participer à ces activités en présence d'un infirmier anesthésiste diplômé d'Etat."
Cette article, tenant sur quelques lignes, est santionné par un DE nécessitant 2 ans de formations supplémentaire et est en voie d'être reconnu niveau Master. Cette formation nous reconnaît des compétences et des gestes supplémentaires. Aussi, nous ne faisons que les mettre en oeuvre pour le patient.
Sommes-nous alors plus efficace ? A priori oui au regard de notre cursus de formation.
Sommes-nous efficients dans notre domaine d'activité, à savoir, l'urgence, la réanimation et l'anesthésie ? A priori oui, puisque nous ne faisons que celà.Et si nous ne sommes pas toujours présents en SMUR du faite de notre roulement (ex : 50% bloc - SMUR), tous les jours, nous prenons en charge des patients graves, soit du fait de leur pathologie, soit du fait même de l'AG. Nous manipulons quotidiennement des produits potentiellement mortel et donc, il est tout à fait normal que nous puissons réaliser des gestes immédiats au regard de ces risques. Il nous est demandé de faire notre travail, rien de plus. D'ailleurs, c'est la moindre des choses qu'on est en droit d'attendre de nous.
En conclusion, je dirais que l'IADE, de part sa formation, ses connaissances et son champ de compétence est efficient (et non efficace) dans le domaine de l'anesthésie, la réanimation et l'urgence préhospitalière.
"Donc, l'IADE - de part sa plus value supposée en SMUR - est le maillon intermédiaire idéal"...
Alors même que tu nous expliques auparavant que SMUR et ISP, ça n'a rien à voir...
Effectivement, comme je l'ai expliqué, un IDE exercant en SMUR n'à pas la même activité qu'un ISP. Par exemple, un ISP en garde opérationnelle sera engagé sur un feu d'appartement pour le motif "Soutien Sanitaire".
Sur les lieux, l'ISP devra, pour accomplir sa mission d'Officier de Santé répondre à différents impératifs :
- d'ordre tactique (nature du sinistre, moyens engagés, risques potentiels et réels, nombre d'impliqués, de victime, gestion du secteur SAP...)
- d'ordre organisationnel ( message de renseignement, lieu du PRV, du PMA, demande de moyen santé en collaboration avec le COS,...)
- d'ordre logistique ( opération de longue durée nécessitant un SOUSAN, besoin de matériels médicaux (O2 par exemple)
- d'ordre sanitaire ( mise en oeuvre des PISU, travail en collaboration avec le SMUR, le médecin SP...)
Un IDE de SMUR ne répond pas, lui, à ces exigeances. Il prend en charge la victime qui lui est affectée et applique les prescriptions (ou protocole de service) demandées par le médecin transporteur.
La grande différence ici, c'est que l'on compare ce qui n'est pas comparable : le statut.
En effet, chez les SP l'infirmier est Officier de Santé. Ce statut est obtenu par le grade d'infirmier et surtout, via le Brevet d'ISP (DUI de santé publique option Infirmier de Sapeurs Pompiers). Cette formation institutionnelle est aussi bien suivi par les infirmiers que par les médecin SP (eux disposerons du brevet de médecin de SP). Mais la base de cette formation est commune aux Officiers de Santé du SSSM.
Ici encore, on attend de l'ISP qu'il fasse son travail d'Officie de Santé. Ces attentes ne sont comparable en rien avec un IDE de SMUR.
Cependant, au contraire d'un IDE SMUR, l'ISP a appris à travailler seul et à mettre en oeuvre les PISU. Il connait les risques inhérent à cette situation et les chefferies ont prévu différents pare-feu :
- ISP présent au CTA-CODIS (ou non selon les départements)
- bilan systématique au régulateur SAMU
- recours au médecin SP d'astreinte
- Infirmier cadre d'astreinte joignable (selon les départements)
- réalisation d'une FOM
- réalisation d'un rapport d'intervention SP et rapport de mise en oeuvre de PISU
Si l'ISP est aussi IADE, ses compétences acquises lors de sa formation initiale chez les SP additionnées à son DE d'IA, celà fait, aujourd'hui de lui, le personnel paramédical les plus formé à l'urgence préhospitalière française.
Si l'on transpose son activité ISP à une "paramédicalisation" des secours du SAMU, en l'état, cela fait de lui le candidat idéal à un tel poste (au regard de la formation).
Attention, je ne dis pas qu'un IDE SMUR n'en est pas capable. Si l'on souhaite expérimenter une telle chose, il est préférable (et compréhensible) de faire appel à des candidats disposant d'un maximum de compétences et pouvant, à tout moment, réaliser les gestes de réanimation nécessaire (management des VA par exemple) dans l'attente d'un renfort médical.
Il est question de sécurité.
Pour l'expérimentation de Troyes, l'ARS demande des IADEs. Mettre le personnel le plus formé pour assurer cette mission. Celà est compréhensible.
Une fois cette expériementation passée, il faudra en attendre les conclusions et pourquoi pas, à terme, réfléchir à l'utilisation des différents acteurs paramédicaux au sein de l'AMU : IDE, ISP et IADE.
Quelle est la réalité aujourd'hui ?
Les SSSM démontrent depuis plus d'une dizaine d'années que la réponse graduée fonctionne par l'envoi d'un ISP pouvant mettre en oeuvre des PISU sans la présence d'un médecin. Samu de France, par ses attaques répétées à leur encontre, démontre bien le séisme ainsi révélé qu'en-t-à la présence médicale systématique sur tout appel 15.
Des SAMU s'y sont mis à différentes reprises essuyant ainsi des rappels à l'ordre de la part de sa propre institution SDF. Le vent tourne, les mentalités changent et sont le faits des médecins eux-mêmes (les médecins chefs des SSSM par exemple).
Si une expérimentation doit avoir lieu, autant que se soit fait par des paramédicaux déjà formés telle les IADEs. Si la voie doit-être ouverte, que se soit alors par les IADEs et nous travaillerons justement afin de l'élargir pour que les paramédaux puissent justement trouver leurs places au sein de l'AMU.
Bruno, j'attend avec impatience les résultats de ton travail.
Encore une fois, sujet aux multiples facettes et au combien passionnant !