Posté : 19 févr. 2008, 21:37
Je ne suis pas sûr que vous ayez compris les missions de l'ordre national infirmier...Halothane boy a écrit :Ce genre de sanction, c'est un avant goût de ce que va être l'une des missions de notre Ordre Infirmier.
Petit résumé des différentes responsabilités et des différentes instances, ou autrement exprimé, à quelle sauce pouvons-nous être mangés...
La responsabilité est le principe selon lequel chacun doit répondre de ses actes. On peut la subdiviser en responsabilité subjective ou morale et responsabilité objective ou juridique ou légale.
Il existe plusieurs types de responsabilités juridiques. Pour la responsabilité civile (établissement de santé privé ou libéral) et la responsabilité administrative (établissement public de santé), il s’agit de répondre d’un préjudice causé à autrui afin d’en assurer la réparation. Étant donné que le dommage est rarement réparable, elle aboutit le plus souvent au versement de dommages et intérêts.
La responsabilité pénale vise à punir un coupable au nom de la société. Elle aboutit à une peine d’emprisonnement et/ou amende.
La responsabilité disciplinaire concerne les obligations professionnelles. Il s’agit soit d'un problème de devoir envers son employeur (conseil de discipline), soit d'un manquement à la déontologie de la profession (ordre professionnel).
Ces responsabilités ne s’excluent pas. On peut parfaitement être condamné au civil et/ou au pénal et/ou avoir une sanction disciplinaire.
Tant que l'ordre national infirmier (oni) ne se sera pas mis en place, il n'y a aucune instance infirmière devant laquelle un infirmier aurait à répondre. Les sanctions disciplinaires peuvent actuellement être de quatre types :
-décidée par un conseil de discipline de la fonction publique, pour les fonctionnaires (pour l'instant, l'oni ne se substituera pas à ces conseils ; pour les fonctionnaires, la création de l'oni ne changera donc rien d'un point de vue disciplinaire) ;
-décidée par un conseil de discipline d'une société privée, employeur d'un infirmier ;
-prononcée par un tribunal pénal (c'est le cas pour Stephen Lopez) ; eh oui, un tribunal pénal peut décider d'une interdiction temporaire ou définitive d'exercer le métier d'infirmier (ça a été le cas pour Christine Malèvre) ;
-dans certaines conditions, pour les idel, l'ordre national des médecins peut avoir à se prononcer sur une affaire disciplinaire concernant une ide ; l'oni va fort heureusement mettre fin à ce problème.
Si on prend l'exemple de Stéphen Lopez, la société lui reproche d'avoir, par son action, provoqué la mort d'un enfant, et le condamne à une peine de prison (avec sursis) et une amende. D'un point de vue civil, il y a eu condamnation solidaire (médecin et infirmier) à verser des dommages et intérêts. D'un point de vue disciplinaire, cet infirmier a commis une faute et est condamné à une interdiction temporaire d'exercice.
L'ordre national infirmier ne peut en aucun cas se prononcer sur une amende, des dommages et intérêts, ou une peine de prison. Mais une de ses fonctions sera disciplinaire, et il pourra donc sanctionner un infirmier qui aurait manqué aux règles de déontologie.
La seule chose que l'oni va changer, c'est que les ide (du privé, et les ide libérales) seront jugés par leurs pairs.
Pour finir, et toujours en rapport avec la notion de faute, de dommage, de réparation, je vous propose de lire la fable de Jean de La Fontaine, L'amour et la Folie (lien cliquable).