
Monsieur,
Je me permets de réagir à l'article paru ce jour dans votre quotidien en page 13 concernant les Infirmiers Anesthésistes Diplômés d'Etat (IADE) et nos soient disants « avantages ».
Ces propos relèvent de la diffamation pure et simple et témoigne d'un manque de professionnalisme et d'investigations rares pour un journal de l'acabit du votre.
Permettez-moi de vous demander dans quels mesures vos propos sont documentés ou si ils témoignent d'une volonté évidente de désinformations de la population concernant notre profession et, plus généralement la déliquescence mise en oeuvre par le gouvernement concernant l'offre de soins à nos concitoyens.
Si corporatistes nous sommes et que nous le demeurons au fil des années, c'est pour la bonne et simple raison que nous sommes les seuls depuis maintenant huit mois à avoir le courage de dénoncer l'iniquité de la funeste loi Bachelot et le non moins inique « droit d'option ».
Personnes d'autres parmi nos confrères généralistes et/ou spécialisés n'a osé et voulu nous accompagner dans cette lutte qui concerne, pourtant, l'ensemble de la profession infirmière et, plus généralement, l'ensemble des personnels paramédicaux.
Alors oui Monsieur, nous défendons nos maigres avantages contre une réforme injuste.
Quels avantages avons-nous si ce n'est justement cette exclusivité de compétences qui garantie une qualité de formation et d'exercice et donc, par conséquent, une garantie de qualité et de sécurité anesthésique pour chaque patient devant se faire endormir?
Mais peut-être faîtes vous partie de ces gens pour qui les raccourcis faciles sont souvent les meilleurs?
Si endormir et réveiller un patient se résumait à appuyer sur un bouton vous seriez alors le digne candidat. Mais peut-être qu'il faut plus de connaissances pour anesthésier comme pour écrire un article digne de ce nom?
Si demain, pour palier au manque certain de médecins anesthésistes et d'infirmiers anesthésistes, on permet à n'importe quel infirmier généraliste de pratiquer nos actes spécifiques sans avoir suivi l'intégralité de notre cursus difficile, peut-être alors qu'en tant que patient, vous serez enclin à revenir sur vos propos mensongers et diffamatoires?
Sachez Monsieur que nous n'avons toujours pas l'équivalence Master et que les IADE déjà diplômés ne sont toujours pas surs de l'avoir puisque le Ministère de l'Enseignement Supérieur travaille en ce moment sur cette question (pas plus que nos collègues infirmiers déjà diplômés ont le grade licence).
Sachez Monsieur, que notre précieuse exclusivité de compétences n'est pas conservée comme vous le fanfaronner si bien.
Certes nous avons la lettre d'une Ministre sur le départ mais la loi HPST de juillet 2009 (en avez-vous entendu parlée?) et son article 51 concernant la collaboration interprofessionnelle met notre exclusivité en danger. Cette même exclusivité sera mis à mal par l'obtention du grade master et une universitarisation de notre cursus de formation qui implique la mise en place d'un système de passerelles entrantes et sortantes que l'on nomme les VAE (Validation des Acquis de l'Expérience).
Si nous perdons cette exclusivité, nous revenons 30 années en arrière en terme de sécurité anesthésique.
Quant à cette fameuse prime de 120 euros dont personnes ne sait si elle est en brut ou en net, elle a été refusée à l'unanimité par l'ensemble des collectifs IADE régionaux et par notre intersyndicale composée du SNIA, de SUD SANTE et du collectif IADE de l'UFMICT-CGT. Mais peut-être n'avez-vous pas cherché suffisamment le communiqué de presse?
Si notre salaire était de 3500 euros net par mois, pensez-vous que nous aurions l'aplomb de revendiquer pendant aussi longtemps et d'une manière aussi déterminée?
Vous avez, à coup sûr, du confondre avec le salaire des MEDECINS anesthésistes, mais à votre décharge, il y avait le mot anesthésiste dans l'appellation.
Que dire de toutes les gardes que nous effectuons dans une carrière et qui ne sont pas prises en compte pour le calcul de notre pension de retraite puisque payées sous forme de primes imposables? (soit en moyenne deux années de cotisations à la poubelle)
Que dire du marché de dupe qu'est le droit d'option et sa manière de faire croire que l'on va gagner plus parce que nous sommes de gentils infirmiers?
Peut-être que la somme que l'on nous propose pour abandonner notre catégorie active, travailler 7 années supplémentaires (on perd la bonification de une année pour dix travaillées), avec un allongement de temps de carrière de 11 ans en moyenne (passage de 4 ans dans chaque échelon au lieu de 3 ans), un calcul de la pension de retraite sur les 25 meilleures années (donc pension plus petite puisque allongement du temps de carrière), l'augmentation des cotisations pour s'aligner sur le privé (7,56 à11,09%) ne couvriront CERTAINEMENT PAS cette fameuse somme!!!
Au final on nous propose de travailler plus et de partir à la retraite avec encore moins que ce que l'on nous propose actuellement!
Quant à l'abandon des blocs opératoires durant l'opération « bloc mort », les urgences ont toutes été traitées. La sécurité du patient n'a jamais été mise en jeu ou en défaut.
Voilà Monsieur les informations qu'il vous manquait pour pondre un article digne de ce nom, c'est à dire impartial, juste et documenté.
Permettez moi de vous précisez que vous ne faites vraiment pas honneur à l'historique de votre journal. En effet, celui-ci fût crée durant la période la plus sombre de notre histoire. Votre journal durant l'occupation a permis d'informer, de lutter, de résister et de concourir à la libération de notre beau pays du joug de la censure et des fascistes.
Non Monsieur, vous ne faîtes vraiment pas honneur à votre journal et votre article s'apparente plus à de la propagande ministérielle qu' à de l'information.
Au plaisir de ne plus vous lire.
Fabrice DEHOVE
IADE HEGP