Salut à tous,
Je ne suis pas de ceux qui passent leur vie sur les forums à discuter pour ne pas forcément dire grand chose. Par contre, bravo à K.Y. pour son exposé qui résume si bien notre situation actuelle. J'ajouterais juste en tant que vieux Iade qui a roulé sa bosse (par simple mutation,sans être ni mercenaire ni cow-boy, juste du fait des circonstances) que cet ensemble de réflexions est loin d'être exhaustif. Il y en aurait encore des choses à dire.
Je fais partie de la catégorie des anciens, ceux à l'extrême bord de la retraite. D'abord IAA (Infirmier Aide Anesthésiste) avec en main un simple Certificat d'Aptitude, puis ISAR (Infirmier Spécialisé en Anesthésie Réanimation) et enfin IADE comme la majorité d'entre vous. Ah oui, et j'ai effectué mes études sans prise en charge, à mes frais, donc sans poste assuré derrière et avec deux enfants.
Cela fait bien des années que notre spécialité est en danger de disparition. A ce sujet, je vous renvoie à la revue Oxymag que tout le monde doit connaître qui avait publié un article très instructif sur le sujet il y a déjà un moment.
En 88-90, lors de ce mouvement Historique, j'étais intervenu en assemblée pour tenter d'expliquer à mes collègues que nous devions combattre aussi pour sortir du contexte infirmier et former un corps professionnel indépendant du même type que celui des Sages-femmes avec un Ordre propre et une Déontologie propre. J'ai été extrêmement surpris et déçu par la réaction (parfois violente) de mes collègues qui me reprochaient de renier mon diplôme d'infirmier avec en corollaire de "supprimer la possibilité pour les infirmier(e)s d'accéder à la spécialité!".
Aujourd'hui encore, nous payons le prix de ce manque de clairvoyance à travers le refus de nos gouvernants de reconnaître nos compétences. Je vous rappelle que vous êtes encore et toujours soumis à la totalité du décret infirmier dans lequel nous n'apparaissons qu'à travers un article. Ce qui, et vous le savez aussi bien que moi, ne reflète en aucun cas la réalité de notre quotidien et nos vraie responsabilités. Pour ceux qui doutent, demandez donc à votre hiérarchie une formation juridique chez "Europe Management" à Sèvres et vous saurez ce que responsabilité veut dire.
Est ce qu'aucun d'entre-vous a par hasard entendu dire que la place des Sages-femmes avait déjà été revendiquée par un autre corps de métier paramédical? C'est bien pourtant ce qui nous arrive avec notre éviction des Smurs dans lesquels nous avons été remplacés par des infirmiers. Et Dieu sait s'ils revendiquent leur droit à une spécificité
en nous cassant du sucre sur le dos! Cf
http://www.infirmiers.com/profession-in ... ation.html. ET après les SMURS, ce sera quoi?
Mais alors, pourquoi pas des infirmiers spécialisés de réanimation, pédiatrie et j'en passe juste parce que c'est le service dans lequel ils exercent!
J'ai exercé 8 ans dans une Réa lourde polyvalente comme infirmier. Jamais je n'aurais eu l'idée de critiquer mes collègues Iades, encore moins de me prétendre leur égal. J'ai repris des études tout simplement parce que c'était normal.
Pourquoi pensez-vous que ce gouvernement, et ceux qui ont précédé fait la sourde oreille d'après vous. Relisez donc l'historique des Iades tel que je vous l'ai suggéré plus haut. Vous y verrez que ces médecins qui, pour la majorité ne peuvent se passer de nous, craignent de nous voir grignoter une partie de leurs prérogatives alors que dans la vraie vie ils profitent de nos compétences en délégant tant qu'ils peuvent. Avez vous déjà lu dans une revue, souvent
féminine, un article expliquant ce qu'était l'anesthésie. Moi cela m'est arrivé, et jamais il n'y était question d'Infirmier(e)s Anesthésiste mais de personnel compétent. Comme si nous étions élevés pour être au service des MAR! Lisez ou relisez bien les explications sur l'anesthésie fournies aux patients lors de la consultation. Ce papier est le fruit de la cogitation du SNPHAR qui nous présente aussi comme du (petit) personnel qualifié alors que le MAR est, bien entendu celui qui gère la totalité de l'acte.
Pour moi, l'ancien, une seule réaction possible. Une grève reconductible tout les jours qui suivront le 1er octobre avec un vrai retentissement dans les blocs de part le service minimum mais aussi la stricte application de l'article qui nous régit. Comme en 88-90. Et vous verrez que les anesthésistes finiront par réagir parce qu'ils ont, pour la plupart, besoin de nous pour fonctionner. Il faudra bien alors que ce gouvernement prenne acte de notre détermination en nous faisant de vraies propositions au lieu de nous mener en bateau comme il le fait depuis toujours! Seule une VRAIE action a des chances d'éviter notre, votre disparition programmée. ET PUIS M....!! JE REFUSE DE PASSER ENTRE LES MAINS D'UN infirmier de pratique avancée NE SERAIT-CE QUE POUR M'ENDORMIR POUR UNE "SIMPLE" COLO!!!!! Tout ça parce qu'une ministre jette à la poubelle notre décret de compétence.
Nous savons tous, pour le vivre au quotidien, que l'hôpital au dire de certains gratte-papiers doit faire des économies. Cela NE DOIT PAS se faire sur notre dos au détriment de la qualité de la prise en charge des patients dont nous avons la responsabilité (et que nous serons un jour).
Comme je vous l'ai dit, je suis à la veille de la retraite. Ce n'est pas pour autant que je baisse les bras. J'ai toujours été conscient de la qualité de notre formation et de la réalité de notre profession. Car nous sommes des Professionnels de l'Anesthésie au même titre que les Médecins même en tant que collaborateurs. C'est ce qu'il ne faut surtout pas perdre de vue. Au service du Patient et non du MAR. C'est à vous, les jeunes de porter le flambeau et de défendre votre spécificité. Vous pouvez le faire comme lorsque nous avons obtenu un Diplôme en lieu et place du Certificat d'Aptitude. Il suffit de le vouloir et de s'en donner les moyens.
Allez, le vieux a assez parlé. Je vous laisse réfléchir. Mais surtout, cassons la baraque le 1er Octobre