Monsieur le Directeur de la Rédaction de « Libération »
Mmes Mrs les membres du Comité de Rédaction
Monsieur Eric Favereau,
Je vous écris pour faire part de mon indignation concernant l'article de Eric FAVEREAU sur les Infirmiers Anesthésistes Diplômés d'Etat (IADE)
du 28 octobre intitulé "Le personnel anesthésiste fait bloc pour rester à part"
Vous avez de nombreux à priori sur le métier d'IADE. Remarquez, j'en avais aussi sur votre profession Mr Favereau. Un de ces à priori, était
que le journaliste, avant de réaliser un article, se renseignait. Quelle ne fut pas ma déception quand j'ai lu votre article...
Les graves erreurs que vous avez commises :
"
Infirmiers au départ, après deux ans de stage et de formation, ils peuvent acquérir le titre d'infirmiers anesthésiste"
A vous lire, on peut croire qu'il suffit de faire pendant 2 ans des stages et des formations pour devenir IADE. Hé bien, non !
Tout d'abord, il faut avoir travaillé pendant 2 années comme Infirmier avant de pouvoir tenté le concours d'entrée à l'école
d'IADE. Ah ben oui, car il faut réussir un concours en plus ! Un écrit et un oral ! Ensuite, pendant les 2 années de spécialisation,
on ne fait pas que des stages et des formations. Pendant 2 années "Les études sont rythmées par les évaluations cliniques
et théoriques. Pendant 2 années complètes, l'élève infirmier anesthésiste passe le début de chaque semaine en cours et l'autre
partie de la semaine en stage, sur le terrain.En 1ère année, l'élève infirmier anesthésiste doit valider 3 examens ainsi qu'une
évaluation clinique (une mise en situation professionnelle - MSP) qui est notée par un médecin anesthésiste-réanimateur et
un cadre infirmier anesthésiste. Cette MSP se fait en milieu hospitalier, au bloc opératoire la plupart du temps.En 2e année,
l'élève infirmier anesthésiste doit également valider 3 examens et une évaluation clinique dans les mêmes conditions que citées
précédemment. Parallèlement, il devra écrire et soutenir un mémoire de fin d'études appelé TIP (Travail d'Intérêt Professionnel).
Les examens partiels concernent l'anesthésie en bloc opératoire(pour quatre trimestres), la réanimation (un trimestre) et la
médecine d'urgence (un trimestre).Si l'élève infirmier anesthésiste a donné satisfaction à tous les examens cités ci-dessus,
il peut alors se présenter aux épreuves du Diplôme d'État (DÉ). Le DÉ comprend à nouveau une évaluation clinique (MSP) a
insi qu'un examen écrit portant sur l'ensemble des connaissances acquises lors de ces 2 années de spécialisation."
Hé oui, monsieur Favereau. Dire que c'était écrit sur Wikipedia... Vous constatez que nous sommes loin de l'espèce de
"de stages et de formation" vite fait bien fait, dont vous parlez dans votre article et qui n'ont d'autre objectif que de nous
décrédibiliser.
"
ils sont majoritairement des hommes"
Part de femmes parmi les inscrits de 1re année en 2005: 63 %. Il me semble que 63% c'est plus que la moyenne...
"
les infirmières ont eu l 'équivalence de la licence. Les infirmiers anesthésistes ne l ont pas supporté"
Quand j'étais Infirmier, je me suis battu pour que les Infirmiers soient reconnus licence. C'est chose faite et c'est tout à fait
normal. La formation d'IADE reposant sur une expérience professionnelle de 2 ans comme Infirmier, un concours d'entrée
auxquels s'ajoute une formation très difficile de 2 ans supplémentaires (et 2 années pleines, 24 mois, pas 2 années de FAC avec
cours d'octobre à juin), elle est très LOGIQUEMENT et LÉGITIMEMENT éligible au grade de Master !!! Il n'y a donc aucune histoire
de "supporter". C'est simplement légitime et logique.
Les Infirmiers font bac + 3 = Licence
Les IADE font BAC + 5 = Master
"
ils ont fait grève, parfois aux limites de la légalité, refusant les réquisitions, abandonnant même les blocs opératoires"
Nous avons toujours fait grève dans la légalité et nous n'avons jamais abandonné les blocs opératoires. Par contre, certains directeurs
d'hôpitaux eux, n'ont pas respecté le droit de grève faisant des assignations abusives ce qui leur a valu d'en débattre avec les tribunaux
administratifs. Aucun patient n'a été mis en danger pendant nos mouvements. Toutes les urgences ont été assurées. Dans tous les
établissements. Dans toute la France.
"
Avec les gardes et les astreintes, ils arrivent sans mal à 3500 euros net par mois. Et, surtout, une grande majorité des 7500 infirmiers anesthésistes travaillant dans le public font des heures supplémentaires dans le privé, réussissant parfois à doubler leur salaire."
Au fur et à mesure que je lisais votre article, je me suis dit que vous étiez simplement un mauvais journaliste, incapable de chercher des
sources convenables pour ne pas écrire tout et n'importe quoi. Quand vous vous êtes lancé sur le salaire, je me suis mis à penser que vous
étiez en plus de ça, malhonnête. Parce que sortir de tels chiffres ... Et pour cause : le salaire d'un IADE dans le public en début de carrière est
de 1648,55 euros net et en fin de carrière 2670,94 € (Ma source :
http://www.metiers.santesolidarites.gou ... te-77.html )
Monsieur Favereau, savez vous utiliser Google ? Un simple clic et vous tombiez sur cette fiche du ministère de la santé. Pas très difficile à trouver et plutôt fiable la source et pourtant ...
"
Le mois dernier, le ministère de la Santé a fléchi devant leurs revendications. Ils ont l'équivalence du master, conservent leur droit à l'exclusivité. Et ont même droit à une prime."
Que de bonnes nouvelles pour la profession IADE ! Sauf qu'elles sont toutes fausses !
- Le master ne sera accordé qu'aux futures promotions après 2013.
- L'exclusivité de compétence est toujours mise en doute par l'article 51 sur la VAE de la loi HPST. D'ailleurs à ce propos, on dirait que
votre désir est de vous faire endormir, intuber, surveiller, réanimer par une Infirmière non anesthésiste et donc non formée à ces pratiques.
Quand j'étais Infirmier, je n'avais pas la prétention de savoir faire de l'anesthésie. Et mes collègues Infirmiers non plus.
- Enfin la prime est ridicule (100 euros de plus par mois ne comptant pas pour la retraite) c'était une insulte sachant que nous avions demandé
la refonte de la grille indiciaire. Cette prime a donc été refusée.
Enfin je passe sur votre témoignage complètement aberrant d'un soit disant directeur d'hôpital qui dit que nous restons entre nous (mince je suis marié
à une Infirmière, quelle honte ...).
Bref, vous avez tout faux Mr Favereau, vous avez tenté de stigmatiser notre profession, vous avez purement et simplement menti. C'est inadmissible.
Il serait de bon ton que la rédaction de ce journal donne un droit de réponse aux IADE. Car, à ce jour, vous n'êtes plus crédible en tant
que journal.
Thomas WUEST
Infirmier Anesthésiste