"
Du fait de sa connaissance et de sa pratique des gestes d'urgence ou de survie (intubation, cathétérisme veineux périphérique, maniement des appareils de ventilation et de surveillance...), l'IADE est le collaborateur idéal du médecin dans la prise en charge des patients en état grave et de leur transport intra ou extrahospitalier."
Cet extrait émane de la SFAR [url]
http://www.sfar.org/article/7/recommand ... d-etat/url]
Je pourrais aussi citer notre décrêt qui précise que les transports intra et extrahospitaliers sont effectués en priorité par l'IADE...
Voilà pour la partie texte législatif et recommandation (je m'arrête volontairement là).
Question "plus value de l'IADE en SMUR" plus concrètement. Jusque là, certains abordent la question de l'IADE uniquement que d'un point de vue technique. Elargissons le débat. Bruno, je vois bien que tes arguments ont du mal à passer à l'oreille de certains alors, je vais tenter à mon tour une explication.
Avant toute chose, il me parait important de rappeler ceci : le choix de recruter des IADEs au sein d'un SMUR dépend de 2 personnes à savoir le Chef de Service d'une part et le Directeur d'établissement d'autre part. L'un sera convaincu par expérience et l'autre uniquement par des arguments financiers. Il serait donc intéressant ici, de connaître la motivation des Chefs de Services d'Unité SMUR à employer des IADEs au sein de leur service. Je n'avancerai aucun argument à ce sujet puisque ces raisons leur appartiennent.
Maintenant, abordons la question de la "plus-value" de l'IADE en SMUR d'un point de vue Formation.
Je crois que nous sommes tous d'accord pour en convenir que l'apport théorique de la formation IADE en préhospitalier est bien plus complète que celle dispensée pendant les études infirmière...et je ne parle pas du reste. Et justement, c'est le reste qui fait toute la différence.
C'est notre capacité à gérer, au quotidien, des patients aux pathologies multiples devant bénéficier d'une AG dont les conséquences peuvent être gravissime à court terme mais qui, fort heureusement, gage d'une formation solide, sont clairement identifiées et anticipées.
L'anticipation. Voilà le maitre-mot. C'est par le biais de la connaissance d'une part puis complété par l'expérience d'autre part que l'anticipation est possible.Et c'est justement une nos "marque de fabrique".
Aussi, c'est ce qui pourrait permettre à un IADE d'être immédiatement opérationnelle dans un SMUR.
Je reviens sur l'AG. Il est clair que cette procédure, en SMUR, n'intervienne pas tous les jours. Alors, du coup, l'adage "
on ne fait bien que ce que l'on pratique souvent" prend tout son sens. Un exemple, dans le SMUR où j'exerce, lorsqu'une IOT doit être pratiquée, le médecin me demande d'être prêt à prendre son relai au cas ou il n'y arriverai pas. Cela s'explique par le fait qu'il n'intube pas tout les jours à la différence de nous. Je prends volontairement cette exemple puisque l'IOT semble cristaliser les débats.
L'IOT n'est qu'un geste au même titre que la pose d'une VVP pour les IDE s'il faut donner une comparaison schématique. Heureusement que le métier d'IDE ne se cantonne pas qu'à la pose de VVP. Il en est de même pour l'IADE.
Notre champ d'expertise s'étend de la prise en charge des patients devant subir une AG dans le cadre d'interventions chirurgicales réglées ou en urgences jusqu'à la prise en charge préhospitalière des urgences vitales en passant par la formation des gestes d'urgences.
C'est en tout cela qu'est notre "plus-value".
Si maintenant on met en balance tout ceci au regard de l'activité réelle d'un SMUR où, dans la majeure partie, il est vraie que les gestes ne se cantonnent qu'à positionner des électrodes, poser une VVP, administrer un antalgique, mettre en place un MHC et brancarder...en quoi un IADE le fait mieux qu'un IDE ? La réponse, en terme purement technique, est rien.
Faisons maintenant un parallèle avec la question des ISP protocolés. Ca tombe bien, je le suis aussi.
Déjà, je pense que comparer le travail réalisé par un IDE (ou IADE) en SMUR n'est pas transposable à l'activité d'un ISP. Je m'explique.
De par son cadre d'emploi, l'ISP est amené à exercer aussi bien au sein d'un centre médical pour effectuer les Visites Médicales des SP, qu'en centre de formation et sur le terrain des opérations (gardes opérationnelles). Tout ceci ne s'acquière pas par le DE d'Infirmier ( c'est un pré-requis) mais par le biais d'une formation spécifique sanctionné par un DUI permettant l'obtention du Brevet d'Infirmier Sapeurs pompiers. Auquel, il faudra inclure une formation propre au SSSM local. Et oui, là encore, il faudra en passer par l'enseignement pour obtenir les connaissances spécifiques permettant d'acquérir les compétences nécessaires pour être ISP et de décrocher la signature du médecin chef pour mettre en oeuvre les protocoles.
De part cette reconnaissance cadrée par une formation rigoureuse, l'ISP acquière une certaine autonomie. Plus particulièrement, le Médecin Chef lui reconnait là son autonomie à mettre en oeuvre les protocoles. En celà, il s'appuie sur notre capacité d'analyse des situations acquisent lors de nos études d'infirmier et complété par la formation spécifique dispensé par le SSSM et l'ENSOSP.
Donc, de par sa formation, l'ISP développe des connaissances plus spécifiques que l'IDE de SMUR dans le domaine des activités préhospitalières (Marche Générale des Opérations, les différents plans de secours, le SOUSAN, l'AMU, procédures radio, le secours de l'Avant,la Sécurité Civile, PISU, PSE 1 et 2, transport héliporté...).
Rajoutez à tout cela une formation d'IADE et vous bénéficiez de la formation la plus complète qui puisse exister en matière de secours préhospitalier pour nous, paramédicaux français, et reconnue comme telle.
Alors, que fait un IADE en plus chez les SP? Il intube les patients glasgow 3 en ACR.
C'est sûr que dit comme celà, on se dit qu'on a tout intérêt à former rapidement les ISP, voire les SP, à pratiquer ce geste par pur soucis économique. Une petite formation en 3 semaines et Hop...mais en allant par là, j'en dirais de même sur la VVP...pourquoi ne pas former les SP à la pose de la VVP en 2 semaines...et puis les médocs...on se débrouille pour fournir des seringues prêtes à l'emploi avec la dose requise et puis hop...et on leur apprend les protocoles.
Et vous obtenez des paramédics ... le cheminement est facile et réducteur je vous le concède. Mais c'est ce qui se passe outre atlantique, outre rhin... Des personnes sont formés à appliquer des procédures strictes et à s'y tenir.La capacité d'analyse se restreint au cas abordé par les protocoles. Point barre.
Notre DE d'infirmier et d'IA nous donne la possibilité d'exercer aussi bien à l'hôpital qu'en SMUR et chez les Pompiers. Les paramédics ne le peuvent pas et c'est là notre force. Nous avons développé une capacité d'analyse, technique organisationnelle et une autonomie plus large.
Le "
stay and play" à la française a été souhaité par nos dirigeants. Il est ici question de politique de Santé. Des filières de spécialisations pour les IDE ont été créé et ce dans le domaine de l'anesthésie-urgence- réanimation pour répondre au besoin des SAMU (entre autre).
Apparavant, les MAR étaient dans les SMUR...la diminution du numérus clausus, les questions budgétaires aidant, les médecins urgentistes ont fait leur apparition, le bînome MAR-IADE en SMUR n'est plu. Les IDE remplacent progressivement les IADES... Le modèle du SAMU se transforme, évolue.
Les interventions aussi.
Plus de prise en charge de personnes âgées, moins de polytraumatisés...la médecine d'urgence évolue. Il est donc tout à fait convenable de penser à faire évoluer notre système de prise en charge des urgences préhospitalières.
La modèle développé par les SSSM est novateur en se reposant sur les ISP. Il fonctionne car est strictement réglementé par les chefferies. De plus, la responsabilité individuelle de l'ISP est engagé, aussi, cela le responsabilise davantage et lui impose une rigueur de tout les instants. Mais se modèle est décrié par SAMU de France. Il est encore ici question de politique.
De mon sens, si l'on s'appuie sur la formation et les compétences, aujourd'hui, l'IADE est l'élément sur lequel le SAMU peut s'appuyer pour expérimenter la réponse paramédicale en y associant une régulation forte. Je ne dis pas que l'IDE n'en n'est pas capable mais, qu'en l'état actuel des choses, seule la formation d'IADE permet d'acquérir le socle des connaissances et des compétences dans l'activité SMUR. De même, je ne parle pas d'une éventuelle reconnaissance de l'expérience acquise par l'IDE après plusieures années d'exercice en SMUR (VAE), il n'en n'est pas question pour être IADE, le concours étant obligatoire pour intégrer l'Ecole d'Anesthésie. Enfin, dans le Service Public, les Diplômes d'Etat sont reconnue et sont un préalable, pas l'expérience. Les fonctions et rôles de chacun sont ainsi définis. Il en va de même pour les grilles salariales...
Ainsi, la "plus-value" de l'IADE en SMUR se base avant tout sur un socle de connaissances et de compétences sanctionné par un DE. Disserter sur la réalité des gestes effectués par celui ci au regard de l'IDE n'a pas lieu d'être du fait même de notre fonction. D'ailleurs, je ne reconnais pas le terme de "plus-value" puisque l'IADE est le collaborateur idéal du médecin (dixit la SFAR).
Je pense que nous n'avons pas à prouver notre place par A+B. Notre système de secours est à bout de souffle. Il a besoin de re-nouveau. Les moyens ont besoins d'être déployé autrement. Les compétences ont besoins d'être reconnu. La régulation doit être revue et être un élément fort afin de mieux réguler ses moyens médicaux.
Il est évident qu'un échelon intermédiaire doit se développer entre l'envoi d'un moyen secouriste et l'UMH.
L'IADE y a pleinement sa place.
Mon argumentaire est un peu long, j'en conviens mais au combien passionnant. Au plaisir de vous lire.