Restructuration APHP
Posté : 22 janv. 2010, 18:01
Le nouveau plan choc de restructuration des Hôpitaux de Paris
[ 22/01/10 ]
Le conseil exécutif de l'AP-HP vient de valider des transformations majeures de la carte des hôpitaux, avec à la clef de nouveaux regroupements et fermetures, ainsi que la probable disparition d'un des trois pôles universitaires pédiatriques franciliens de renommée internationale, l'hôpital Trousseau.
Les grandes manoeuvres passent à la vitesse supérieure. Les restructurations annoncées de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (37 établissements, 90.000 personnes dont 20.000 médecins) entrent dans une nouvelle phase. Dans le cadre de la préparation du plan stratégique 2010-2014, qui doit être adopté, selon Benoît Leclercq, directeur général de l'AP-HP, en avril ou mai, lorsque l'AP-HP dépendra officiellement de l'Agence régionale de santé (ARS), le conseil exécutif du premier hôpital public français vient de valider des orientations majeures pour les quinze prochaines années. « Pour la population francilienne, nous voulons mettre en ordre de marche une Assistance publique modernisée qui permette à tous les patients d'accéder à la fois à des soins de proximité et à des soins de pointe de qualité », explique le directeur général. Pour ce faire, ce dernier a lancé dès 2008 le projet de regroupement des 37 sites de l'AP-HP en 12 groupes hospitaliers. Les récentes décisions du conseil exécutif - « très fortes puisque [celui-ci] préfigure le futur directoire », précise Pierre Coriat, président de la commission médicale d'établissement (CME) et membre de ce conseil -sont la suite logique de cette politique.
Au nord-ouest parisien, le conseil exécutif a acté le principe de la fusion des hôpitaux Bichat et Beaujon, proches et complémentaires. « La bonne solution est la reconstruction d'un seul hôpital moderne au nord du Grand Paris, dans un horizon de dix à quinze ans », confirme Benoît Leclercq. Au coeur de la capitale, « toutes les activités lourdes qui sont à l'Hôtel-Dieu seront concentrées à Cochin d'ici quatre à cinq ans ». Dès 2010, la chirurgie digestive y sera transférée. Viendra ensuite la chirurgie thoracique. A terme, toute l'ophtalmologie de l'Hôtel-Dieu devrait aussi rejoindre Cochin, où est envisagée une nouvelle construction. Resteront à l'Hôtel-Dieu les urgences, le médico-légal, et un plateau technique ambulatoire. Un projet de centre de santé publique pourrait aussi voir le jour, « mais il ne sera pas porté par l'AP-HP », indique le directeur général. Au sud, les activités de court séjour de Paul-Brousse sont accueillies à Bicêtre. Le réputé centre hépato-biliaire pourrait lui aussi intégrer Bicêtre. Ce qui, pour nombre de médecins, revient à terme à la fermeture de Paul-Brousse. Tout comme celle de Fernand-Widal, dont les activités doivent notamment rejoindre Lariboisière.
Décision grave
Sur le même sujet
Des contraintes budgétaires, médicales et immobilières
Les Hospices civils de Lyon visent l'équilibre des comptes pour 2013
300 millions d'euros pour déménager le CHU de Nantes
Plus problématique, l'hôpital Trousseau, l'un des trois centres universitaires pédiatriques de renommée internationale en Ile-de France, devrait voir, d'ici à 2013-2014, l'ensemble de ses services de pédiatrie spécialisée (70 % de son activité) partir vers les deux autres grands pôles pédiatriques que sont Robert-Debré, où il est envisagé de construire un nouveau bâtiment, et Necker, où doit être livré en 2013-2014 le futur bâtiment Laennec. La maternité ainsi que la pédiatrie générale resteraient. « Cette décision est d'une gravité extrême. On transforme un CHU en hôpital général, et nous ne sommes pas sûrs que tous les services y survivront. C'est une double peine pour les enfants atteints de maladies graves que d'entrer dans des logiques comptables », s'emporte le professeur Albert Bensman, chef du service de néphrologie pédiatrique d'Armand-Trousseau. Il a été reçu la semaine dernière par le président de la République avec une dizaine de médecins, dont Pierre Coriat, pour évoquer les restructurations à l'AP-HP. « La fermeture brutale va totalement déstabiliser l'offre pédiatrique sur l'est parisien », regrette Noël Garabédian, président du comité consultatif médical (CCM) de l'hôpital. « Mais conserver la pédiatrie spécialisée à Trousseau, vétuste, nécessiterait un investissement de 100 millions d'euros, que l'AP-HP ne peut pas assurer », constate Pierre Coriat, qui espère du gouvernement un effort sur l'investissement. Selon lui, le projet déshabillerait en outre totalement l'université Paris-VI de son enseignement et sa recherche pédiatriques, transférés à Paris-V et VII.
[ 22/01/10 ]
Le conseil exécutif de l'AP-HP vient de valider des transformations majeures de la carte des hôpitaux, avec à la clef de nouveaux regroupements et fermetures, ainsi que la probable disparition d'un des trois pôles universitaires pédiatriques franciliens de renommée internationale, l'hôpital Trousseau.
Les grandes manoeuvres passent à la vitesse supérieure. Les restructurations annoncées de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (37 établissements, 90.000 personnes dont 20.000 médecins) entrent dans une nouvelle phase. Dans le cadre de la préparation du plan stratégique 2010-2014, qui doit être adopté, selon Benoît Leclercq, directeur général de l'AP-HP, en avril ou mai, lorsque l'AP-HP dépendra officiellement de l'Agence régionale de santé (ARS), le conseil exécutif du premier hôpital public français vient de valider des orientations majeures pour les quinze prochaines années. « Pour la population francilienne, nous voulons mettre en ordre de marche une Assistance publique modernisée qui permette à tous les patients d'accéder à la fois à des soins de proximité et à des soins de pointe de qualité », explique le directeur général. Pour ce faire, ce dernier a lancé dès 2008 le projet de regroupement des 37 sites de l'AP-HP en 12 groupes hospitaliers. Les récentes décisions du conseil exécutif - « très fortes puisque [celui-ci] préfigure le futur directoire », précise Pierre Coriat, président de la commission médicale d'établissement (CME) et membre de ce conseil -sont la suite logique de cette politique.
Au nord-ouest parisien, le conseil exécutif a acté le principe de la fusion des hôpitaux Bichat et Beaujon, proches et complémentaires. « La bonne solution est la reconstruction d'un seul hôpital moderne au nord du Grand Paris, dans un horizon de dix à quinze ans », confirme Benoît Leclercq. Au coeur de la capitale, « toutes les activités lourdes qui sont à l'Hôtel-Dieu seront concentrées à Cochin d'ici quatre à cinq ans ». Dès 2010, la chirurgie digestive y sera transférée. Viendra ensuite la chirurgie thoracique. A terme, toute l'ophtalmologie de l'Hôtel-Dieu devrait aussi rejoindre Cochin, où est envisagée une nouvelle construction. Resteront à l'Hôtel-Dieu les urgences, le médico-légal, et un plateau technique ambulatoire. Un projet de centre de santé publique pourrait aussi voir le jour, « mais il ne sera pas porté par l'AP-HP », indique le directeur général. Au sud, les activités de court séjour de Paul-Brousse sont accueillies à Bicêtre. Le réputé centre hépato-biliaire pourrait lui aussi intégrer Bicêtre. Ce qui, pour nombre de médecins, revient à terme à la fermeture de Paul-Brousse. Tout comme celle de Fernand-Widal, dont les activités doivent notamment rejoindre Lariboisière.
Décision grave
Sur le même sujet
Des contraintes budgétaires, médicales et immobilières
Les Hospices civils de Lyon visent l'équilibre des comptes pour 2013
300 millions d'euros pour déménager le CHU de Nantes
Plus problématique, l'hôpital Trousseau, l'un des trois centres universitaires pédiatriques de renommée internationale en Ile-de France, devrait voir, d'ici à 2013-2014, l'ensemble de ses services de pédiatrie spécialisée (70 % de son activité) partir vers les deux autres grands pôles pédiatriques que sont Robert-Debré, où il est envisagé de construire un nouveau bâtiment, et Necker, où doit être livré en 2013-2014 le futur bâtiment Laennec. La maternité ainsi que la pédiatrie générale resteraient. « Cette décision est d'une gravité extrême. On transforme un CHU en hôpital général, et nous ne sommes pas sûrs que tous les services y survivront. C'est une double peine pour les enfants atteints de maladies graves que d'entrer dans des logiques comptables », s'emporte le professeur Albert Bensman, chef du service de néphrologie pédiatrique d'Armand-Trousseau. Il a été reçu la semaine dernière par le président de la République avec une dizaine de médecins, dont Pierre Coriat, pour évoquer les restructurations à l'AP-HP. « La fermeture brutale va totalement déstabiliser l'offre pédiatrique sur l'est parisien », regrette Noël Garabédian, président du comité consultatif médical (CCM) de l'hôpital. « Mais conserver la pédiatrie spécialisée à Trousseau, vétuste, nécessiterait un investissement de 100 millions d'euros, que l'AP-HP ne peut pas assurer », constate Pierre Coriat, qui espère du gouvernement un effort sur l'investissement. Selon lui, le projet déshabillerait en outre totalement l'université Paris-VI de son enseignement et sa recherche pédiatriques, transférés à Paris-V et VII.