le 2 novembre à l'Assemblée Nationale
Posté : 03 nov. 2010, 19:16
Assemblée nationale
XIIIe législature
Session ordinaire de 2010-2011
Compte rendu
intégral
Première séance du mardi 2 novembre 2010
"M. le président. La parole est à M. François Asensi.
M. François Asensi. Madame la ministre, monsieur le président, mes chers collègues, je concentrerai mon propos sur deux points : la réduction des crédits liés à la prévention dans le projet de loi de finances ; la nécessité d'amplifier l'effort budgétaire pour lutter contre les discriminations territoriales de santé. […]
Je profite de cette tribune pour réclamer que les justes revendications des infirmiers anesthésistes soient prises en compte, même si leur situation ne relève pas directement du budget que nous examinons.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé. Vous avez un peu de retard !
M. François Asensi. Leurs compétences méritent une reconnaissance statutaire et matérielle.
En outre, il est de la responsabilité du ministère de sortir de l'enlisement pour le bon fonctionnement de notre hôpital public. Depuis le début du conflit, à l'hôpital Robert Ballanger dont je préside le conseil d’administration, on a dû reporter plusieurs interventions, pour un coût avoisinant 500 000 euros.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé. C’est inadmissible !
[….]
La parole est à Mme Martine Billard, pour une deuxième question.
Mme Martine Billard. Madame la ministre, ma question porte sur la formation des infirmiers anesthésistes. J’espère ne pas me tromper en pensant que cette question entre dans le budget de la santé. (Sourires.)
Vous savez, car vous connaissez bien le dossier, que les infirmiers anesthésistes ont une formation spécifique. Ils reçoivent d’abord la formation d’infirmier pendant trois ans. Ensuite, il faut qu’ils travaillent pendant deux à trois ans en tant qu’infirmiers avant de pouvoir suivre la formation de spécialité en anesthésie pour deux ans.
Ils ont donc au total cinq ans de formation, ce qui correspond au niveau master mais, à l’heure actuelle, cette formation n’est pas reconnue en tant que bac + 5. Plus grave, surtout, il semble que, de plus en plus, les formations publiques soient fermées. Ceux qui souhaitent suivre cette formation sont obligés de se rabattre sur des formations payantes dont le montant s’élève à 50 000 euros, ce qui n’est pas accessible à grand monde, sauf à passer un accord avec des établissements privés qui acceptent de payer la formation contre l’engagement pour les personnes concernées d’aller ensuite travailler dans les établissements privés, notamment les cliniques.
Ma question est donc la suivante : pensez-vous qu’il est fondamental de maintenir des formations publiques et des infirmiers anesthésistes spécialisés en tant que tel dans les hôpitaux, notamment les hôpitaux publics ? On sait que, aux États-Unis par exemple, c’est une spécialité qui a peu à peu disparu, avec un morcellement de la fonction.
Quelle est la vision du Gouvernement de la place des infirmiers anesthésistes à l’hôpital ? Que pensez-vous de la nécessité d’avoir des formations qui ne soient pas seulement privées, avec les conséquences que cela peut avoir, c'est-à-dire de voir les infirmiers déserter l’hôpital public parce qu’ils ont été obligés d’accepter un financement du secteur privé ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé. Je veux rassurer Mme Billard en lui disant mon attachement à la formation spécifique d’infirmier anesthésiste et ma volonté que cette formation soit publique. D’ailleurs, le travail que j’ai mené avec les infirmiers anesthésistes tout au long des mois qui viennent de s’écouler va dans ce sens.
D’abord, j’ai pris l’engagement formel de porter leur formation au niveau master. Or un master, ce n’est pas simplement une durée d’études ; c’est aussi un contenu et la formalisation d’une maquette d’études. Ce n’est pas parce que l’on suit une formation pendant trois ans que l’on a un niveau licence.
La maquette de la formation des infirmiers généralistes a ainsi été profondément renouvelée pour porter ce diplôme au niveau licence. Nous avons souhaité que les infirmiers entrés avec un diplôme qui n’était pas de niveau universitaire puissent bénéficier des mêmes avantages salariaux et des mêmes avantages de carrière, mais on ne peut pas dire pour autant que leur diplôme ait été porté au niveau licence. Un diplôme, c’est à la fois une durée et un contenu.
Le travail sur le contenu de la maquette de formation n’est d’ailleurs pas mené d’abord par le ministère de la santé : si nous apportons – et c’est heureux – notre savoir et notre expérience, c’est le ministère de l’enseignement supérieur, chargé des diplômes universitaires, qui conduit ce travail.
Je me suis engagée formellement envers les infirmiers anesthésistes : leur diplôme sera porté au niveau master. Un groupe de travail se réunit actuellement sous la responsabilité de Mme Valérie Pécresse, afin d’adapter la formation aux exigences d’une formation universitaire de haut niveau, d’ailleurs vérifiée d’année en année pour s’assurer que la qualification universitaire est bien respectée.
Je veux aussi répéter, comme je l’ai dit aux organisations syndicales, que ce diplôme d’infirmier anesthésiste ne sera pas accessible par le système de la validation des acquis de l’expérience. On peut bien sûr imaginer que certains modules à l’intérieur de la formation universitaire puissent être validés par la VAE ; je pense, par exemple, à un module de langue étrangère, d’anglais par exemple. En fait, cela existe pour certains diplômes, même s’il ne m’appartient évidemment pas de préjuger du contenu de cette formation. En revanche le diplôme d’infirmier anesthésiste ne sera pas accessible par la VAE ; les infirmiers anesthésistes y tiennent beaucoup.
J’ai répété – c’était nécessaire, car cela avait, semble-t-il, posé problème – que la compétence exclusive d’infirmier anesthésiste est réservée aux infirmiers anesthésistes. Ils sont très soucieux de ce caractère exclusif ; cet exercice protégé est totalement maintenu.
Enfin, se pose la question de la rémunération. Le protocole du 2 février 2010 avait attribué aux infirmiers anesthésistes des revalorisations indiciaires inégales. Les infirmiers anesthésistes diplômés d’État qui opteront pour le nouveau corps revalorisé percevront, à l’issue de la réforme, un supplément de rémunération indiciaire de près de 2 900 euros par an pour les plus jeunes ; quant aux IAD en fin de carrière, ils percevront 2 100 euros de plus par an que dans le protocole signé en 2001. On aboutit donc un certain écrasement de l’échelle des rémunérations : l’augmentation est substantielle, mais les infirmiers anesthésistes souhaitaient également que le différentiel de rémunération soit préservé.
J’ai donc décidé d’attribuer à tous les IAD, dès le 1er janvier 2011, une prime spécifique d’un montant de 120 euros, destinée à conserver le différentiel de rémunération entre les IAD et les infirmiers en soins généraux qui seront reclassés dès le mois de novembre 2010.
Ces engagements ont été pris devant les organisations syndicales représentatives de la fonction publique hospitalière ; ils sont absolument considérables en période de restriction budgétaire.
Avancée vers la mastérisation, garantie de la compétence exclusive, augmentations substantielles des rémunérations : tout cela représente un effort considérable, qui consacre le rôle et la fonction des infirmiers anesthésistes dans notre pays. "
http://www.assemblee-nationale.fr/13/cr ... 110036.asp
XIIIe législature
Session ordinaire de 2010-2011
Compte rendu
intégral
Première séance du mardi 2 novembre 2010
"M. le président. La parole est à M. François Asensi.
M. François Asensi. Madame la ministre, monsieur le président, mes chers collègues, je concentrerai mon propos sur deux points : la réduction des crédits liés à la prévention dans le projet de loi de finances ; la nécessité d'amplifier l'effort budgétaire pour lutter contre les discriminations territoriales de santé. […]
Je profite de cette tribune pour réclamer que les justes revendications des infirmiers anesthésistes soient prises en compte, même si leur situation ne relève pas directement du budget que nous examinons.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé. Vous avez un peu de retard !
M. François Asensi. Leurs compétences méritent une reconnaissance statutaire et matérielle.
En outre, il est de la responsabilité du ministère de sortir de l'enlisement pour le bon fonctionnement de notre hôpital public. Depuis le début du conflit, à l'hôpital Robert Ballanger dont je préside le conseil d’administration, on a dû reporter plusieurs interventions, pour un coût avoisinant 500 000 euros.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé. C’est inadmissible !
[….]
La parole est à Mme Martine Billard, pour une deuxième question.
Mme Martine Billard. Madame la ministre, ma question porte sur la formation des infirmiers anesthésistes. J’espère ne pas me tromper en pensant que cette question entre dans le budget de la santé. (Sourires.)
Vous savez, car vous connaissez bien le dossier, que les infirmiers anesthésistes ont une formation spécifique. Ils reçoivent d’abord la formation d’infirmier pendant trois ans. Ensuite, il faut qu’ils travaillent pendant deux à trois ans en tant qu’infirmiers avant de pouvoir suivre la formation de spécialité en anesthésie pour deux ans.
Ils ont donc au total cinq ans de formation, ce qui correspond au niveau master mais, à l’heure actuelle, cette formation n’est pas reconnue en tant que bac + 5. Plus grave, surtout, il semble que, de plus en plus, les formations publiques soient fermées. Ceux qui souhaitent suivre cette formation sont obligés de se rabattre sur des formations payantes dont le montant s’élève à 50 000 euros, ce qui n’est pas accessible à grand monde, sauf à passer un accord avec des établissements privés qui acceptent de payer la formation contre l’engagement pour les personnes concernées d’aller ensuite travailler dans les établissements privés, notamment les cliniques.
Ma question est donc la suivante : pensez-vous qu’il est fondamental de maintenir des formations publiques et des infirmiers anesthésistes spécialisés en tant que tel dans les hôpitaux, notamment les hôpitaux publics ? On sait que, aux États-Unis par exemple, c’est une spécialité qui a peu à peu disparu, avec un morcellement de la fonction.
Quelle est la vision du Gouvernement de la place des infirmiers anesthésistes à l’hôpital ? Que pensez-vous de la nécessité d’avoir des formations qui ne soient pas seulement privées, avec les conséquences que cela peut avoir, c'est-à-dire de voir les infirmiers déserter l’hôpital public parce qu’ils ont été obligés d’accepter un financement du secteur privé ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé. Je veux rassurer Mme Billard en lui disant mon attachement à la formation spécifique d’infirmier anesthésiste et ma volonté que cette formation soit publique. D’ailleurs, le travail que j’ai mené avec les infirmiers anesthésistes tout au long des mois qui viennent de s’écouler va dans ce sens.
D’abord, j’ai pris l’engagement formel de porter leur formation au niveau master. Or un master, ce n’est pas simplement une durée d’études ; c’est aussi un contenu et la formalisation d’une maquette d’études. Ce n’est pas parce que l’on suit une formation pendant trois ans que l’on a un niveau licence.
La maquette de la formation des infirmiers généralistes a ainsi été profondément renouvelée pour porter ce diplôme au niveau licence. Nous avons souhaité que les infirmiers entrés avec un diplôme qui n’était pas de niveau universitaire puissent bénéficier des mêmes avantages salariaux et des mêmes avantages de carrière, mais on ne peut pas dire pour autant que leur diplôme ait été porté au niveau licence. Un diplôme, c’est à la fois une durée et un contenu.
Le travail sur le contenu de la maquette de formation n’est d’ailleurs pas mené d’abord par le ministère de la santé : si nous apportons – et c’est heureux – notre savoir et notre expérience, c’est le ministère de l’enseignement supérieur, chargé des diplômes universitaires, qui conduit ce travail.
Je me suis engagée formellement envers les infirmiers anesthésistes : leur diplôme sera porté au niveau master. Un groupe de travail se réunit actuellement sous la responsabilité de Mme Valérie Pécresse, afin d’adapter la formation aux exigences d’une formation universitaire de haut niveau, d’ailleurs vérifiée d’année en année pour s’assurer que la qualification universitaire est bien respectée.
Je veux aussi répéter, comme je l’ai dit aux organisations syndicales, que ce diplôme d’infirmier anesthésiste ne sera pas accessible par le système de la validation des acquis de l’expérience. On peut bien sûr imaginer que certains modules à l’intérieur de la formation universitaire puissent être validés par la VAE ; je pense, par exemple, à un module de langue étrangère, d’anglais par exemple. En fait, cela existe pour certains diplômes, même s’il ne m’appartient évidemment pas de préjuger du contenu de cette formation. En revanche le diplôme d’infirmier anesthésiste ne sera pas accessible par la VAE ; les infirmiers anesthésistes y tiennent beaucoup.
J’ai répété – c’était nécessaire, car cela avait, semble-t-il, posé problème – que la compétence exclusive d’infirmier anesthésiste est réservée aux infirmiers anesthésistes. Ils sont très soucieux de ce caractère exclusif ; cet exercice protégé est totalement maintenu.
Enfin, se pose la question de la rémunération. Le protocole du 2 février 2010 avait attribué aux infirmiers anesthésistes des revalorisations indiciaires inégales. Les infirmiers anesthésistes diplômés d’État qui opteront pour le nouveau corps revalorisé percevront, à l’issue de la réforme, un supplément de rémunération indiciaire de près de 2 900 euros par an pour les plus jeunes ; quant aux IAD en fin de carrière, ils percevront 2 100 euros de plus par an que dans le protocole signé en 2001. On aboutit donc un certain écrasement de l’échelle des rémunérations : l’augmentation est substantielle, mais les infirmiers anesthésistes souhaitaient également que le différentiel de rémunération soit préservé.
J’ai donc décidé d’attribuer à tous les IAD, dès le 1er janvier 2011, une prime spécifique d’un montant de 120 euros, destinée à conserver le différentiel de rémunération entre les IAD et les infirmiers en soins généraux qui seront reclassés dès le mois de novembre 2010.
Ces engagements ont été pris devant les organisations syndicales représentatives de la fonction publique hospitalière ; ils sont absolument considérables en période de restriction budgétaire.
Avancée vers la mastérisation, garantie de la compétence exclusive, augmentations substantielles des rémunérations : tout cela représente un effort considérable, qui consacre le rôle et la fonction des infirmiers anesthésistes dans notre pays. "
http://www.assemblee-nationale.fr/13/cr ... 110036.asp