Avant-propos : je sais qu'il s'agit d'un oral, mais il me semble tout aussi important de soigner sa présentation. Utiliser les mots adaptés, écrire correctement, éviter les abréviations ou les définir, faire des phrases.
Par ailleurs, attention au piège qui consiste à étaler ses connaissances. N'oublions pas notre fonction, nous sommes infirmier(e)s. Ce qu'on nous demande, ça n'est ni de faire un diagnostic, ni d'organiser le traitement. Ce qu'on nous demande, c'est d'
organiser les soins.
Donc personne ne vous en voudra de ne pas avoir parlé du facteur ß levogyre de la procalcitonine (et du dernier article du NEJM qui en parle), mais on vous en voudra de ne pas avoir organisé les signes et surveillances que vous décrivez, de ne pas avoir organisé les traitements dont vous parlez, de ne pas avoir parlé de l'autorisation d'opérer pour un mineur...
Adrénaline a écrit :Vous êtes infirmière aux urgences. On vous annonce que vous allez recevoir un patient de 79 ans, hypertendu connu, agité, présente des céphalées intenses d'apparition brutale et troubles de la conscience.
NANA37 a écrit :1- accueil installation
chariot d'urgence pret verifier et operationnel
box d'urgence avec aspi et source o2 fonctionnels
appel du doc
aide de collegues as ide
transfert sur lit en dd strict en maintenant axe corporel
prendre en même temps transmissions de l'equipe /sur les circonstances de malaise comment , où , atcd , famille, ttt pris oublié, allergie , prise alimentaire
Organiser les renseignements, pour faire ressortir les points importants :
-identité (nom, prénom, date de naissance, adresse, personne à prévenir) ;
-âge, poids, taille, heure du dernier repas, dernière ordonnance, documents personnels (ÉCG, compte-rendus d'hospitalisation...), antécédents médicaux et chirurgicaux, allergies.
NANA37 a écrit :as prend en charge la famille
À mon avis, phrase dangereuse. La communication avec la famille fait partie du rôle du médecin.
NANA37 a écrit :vvp gros calibre x2
On s'en fout, et du gros calibre, et des deux voies veineuses. On commence par une vvp, celle qu'on peut avoir est très bien.
NANA37 a écrit :o2 mhc 6 à8 litres /min
D'après le tableau décrit, il n'existe pas de raison de proposer de l'O2.
Et si on utilise un MHC, c'est 15 L/min, que l'on pourra diminuer à 12 L/min à condition que le ballon réservoir reste bien gonflé, mais certainement pas à 6 L/min.
Attention avec l'O2, ne pas oublier qu'en dehors de l'urgence vitale imminente, c'est une
prescription médicale.
Par ailleurs, chaque outil a ses avantages et ses inconvénients, et son mode d'emploi. En résumé,
plus un outil est efficace, plus il est dangereux :
-
lunettes, de quelques bulles à 6 L/min (à partir de 6 L/min, on ne gagne pas en FiO2 et c'est de plus en plus désagréable pour le patient) ; facile, pas cher, mais la FiO2 ne dépasse pas 30 % (avec le vent dans le dos ;-) ; donc peu efficace, mais peu dangereux ; si la bouteille est vide, ou si les lunettes se déconnectent de la source d'O2, ça stoppe l'apport d'O2 mais ça ne complique pas la vie du patient (aucun risque de réinhalation, pas de gène à l'inspiration) ;
-
masque simple, de 5 L/min (débit minimal) à 12 L/min (ça ne sert à rien de donner plus) ; la FiO2 ne dépassera pas 60 % les jours de beau temps ; plus efficace, mais si la source d'O2 est tarie (ou le débit insuffisant), le patient réinhale son CO2 expiré ; étant donné qu'il y a des trous, la gène à l'inspiration est minime ;
-
masque à haute concentration, jamais moins de 9 L/min (et il me semble prudent de ne pas descendre en-dessous de 12 L/min) ; très efficace, la FiO2 est autour de 90 % ; mais très dangereux, si la bouteille est vide ou si le masque est déconnecté de la source ou si le débit est très insuffisant, non seulement le patient réinhale son CO2 expiré, mais en plus il faut qu'il fournisse un effort inspiratoire pour aspirer l'air extérieur ; en cas de demande très importante, on peut retirer une valve, mais la FiO2 diminuera (autour de 70 % avec une valve en moins, autour de 50 % avec deux valves en moins).
NANA37 a écrit :pouls fillant
En-dehors de la faute d'orthographe amusante, on ne parle plus de pouls filant depuis des lustres, mais de pouls bien perçu ou mal perçu (et dans ce cas, il faut préciser le site, radial, huméral, fémoral, carotidien) ; c'est un signe qui n'a d'intérêt qu'en secourisme ; à l'hôpital, on dispose d'un instrument qui nous donne une information bien plus précise, le brassard à tension (manuel ou automatique).
NANA37 a écrit :bilan :NFS HB HTE : hemoconcentration dilution, PLAQUETTES TP TCA FIBRINOGENE: COAGULATION? ,ENZYMES CARDIAQUE TROPONINE grpe rh rai 2 deter
Bon, il y a le problème du hors sujet, mais surtout le bilan sanguin est une prescription médicale. On ne vous demande pas de savoir quels examens sont nécessaires. Et si vous citez des examens, ne citez que ceux qui sont indiscutables, et qui vous donnent un résultat rapide qui conduit à une décision. Par exemple, si le patient fait une détresse respiratoire, on a le droit de parler de gaz du sang (avec une formulation prudente, c'est pas "je fais un gds", mais "j'envisage la possibilité qu'il soit éventuellement possible que le médecin, dans sa grande sagesse, me prescrive un gds" ;-).
Pour la détermination du groupe sanguin, tel que vous l'écrivez, on se dit que vous prélevez deux tubes à la fois, ce qui est totalement interdit.
NANA37 a écrit :respi
recherche de signes de sdra
Ah la la ! Dans quoi vous lancez-vous ? Le sujet n'évoque aucun point qui puisse faire penser à un problème respiratoire. Mais si vous prononcez des gros mots, le jury va sortir les fusils et tirer à vue : c'est quoi, un sdra, quels sont les critères de diagnostic, quelle est la définition, quelles sont les causes...
NANA37 a écrit :sao2 desaturation ? o2 a adapter
dyspnee tachy brady
toux expectoration rales a l'auscultation
Là encore, terrain miné. OK pour parler de surveillance par oxymètre de pouls (c'est le nom chic de la "sat"). Tout à fait d'accord pour parler de la mesure de la fréquence respiratoire (paramètre très utile et bien souvent oublié). Et si on parle de fréquence respiratoire, inutile de parler de brady
pnée ou tachy
pnée, qui peuvent encore une fois conduire à des questions embarrassantes (c'est quoi, à partir de combien parle-t-on de tachypnée, différence entre hyperpnée, tachypnée, hyperventilation...).
Petite remarque en passant, quelle est pour vous la valeur plancher admissible de la SpO2 chez ce patient de 89 ans ? En-dessous de quelle valeur on considère que la SpO2 est anormale ?
NANA37 a écrit :signes cutanes / as t-il signes de tirages cutanés cyanose marbrures paleur sueur rougeur?
Attention aux inventaires. Si vous parlez de signes, vous devez les classer : signes de lutte, signes d'inflamation, signes d'hypercapnie, signes de déglobulisation... Éviter de poser pèle mêle des signes qui n'ont rien à voir. Et si vous parlez de tirage, il faut en précise le site.
NANA37 a écrit :dans le bilan : gas du sang pour desequilibres acidobasiq(sao2 pao2 paco2 bicarb ph)
Là encore, autant vous mettre un bandeau sur les yeux et vous installer sur le poteau... Et c'est quoi tout ça, et je vous donne tel résultat comment l'interprétez-vous (et là, on vous propose un résultat totalement illogique mais qui nécessite un peu d'expérience pour s'en apercevoir...). Bref, tous les coups sont permis...
NANA37 a écrit :neuro
etat de choc ?
agité angoisse sensation de mort imminente horripilation?
Là encore, si vous placez ces mots l'un à côté de l'autre, ça fait "je pose tout par terre, vous pouvez prendre ce que vous voulez".
NANA37 a écrit :exam pupilles / myosis? mydriase avc?anisoccorie?
reaction a la lumiere ?
On écrit anisocorie.
Là encore, c'est une bonne idée de s'intéresser aux pupilles. Mais si vous rajoutez "avc" au milieu, vous perdez tous les points que vous espériez gagner.
NANA37 a écrit :faire un glasgow
Plutôt que faire, parler d'évaluer. Mais de toutes façons, c'est encore un terrain glissant. Si vous parlez du score de Glasgow, un examinateur sur deux vous demandera « contre qui ? » (
et vous pourrez marquer un point si vous répondez « contre Liège », petite plaisanterie en passant). Et un examinateur sur deux vous demandera dans quelle(s) pathologie(s) le GCS a fait la preuve de son intérêt. Eh oui, même s'il est souvent utilisé n'importe comment, le seul intérêt démontré du GCS, c'est dans le traumatisme crânien.
NANA37 a écrit :glycemie: dextro
Ah, c'est une bonne idée. Elle serait encore meilleure si vous parliez de mesurer la glycémie capillaire, ou à la bandelette. Parce que Dextro, c'est une marque, et que ces bandelettes ne sont plus commercialisées depuis des années (comme HGT d'ailleurs).
NANA37 a écrit :bandelette urinaire (seuil 1.8 g:l sang)
On s'en fout.
NANA37 a écrit :fonction renale
On s'en fout, et n'employez pas des gros mots. Les gros mots, ce sont des mots qui peuvent entraîner une pluie de questions.
Faites simple. Vous voulez parler des urines, parler de conserver les urines et de mesurer la diurèse (odeur, couleur, goût...).
NANA37 a écrit :sonde vésicale sur prescription si pas le premier sondage
Là encore, n'allez pas chercher le bâton pour vous faire battre (
ou les verges pour vous faire m...). Ça n'est pas le sujet, mais le problème pour le sondage vésical, ça n'est pas l'homme, ça n'est pas le premier, c'est la rétention chez l'homme pour le premier sondage.
Le code de la Santé publique, dans son excelllent article R 4311-10, dans sa grande sagesse, a écrit :L'infirmier ou l'infirmière participe à la mise en oeuvre par le médecin des techniques suivantes :[...]
2° Premier sondage vésical chez l'homme en cas de rétention ;[...]
NANA37 a écrit :dans le bilan : iono sg et urin/NA K CA UREE CREAT CHLO
Laissez tomber, ça n'est pas ce qu'on vous demande. Vous pouvez préparer le matériel pour prélever un bilan sanguin, suivant prescription médicale. Ça va très bien.
NANA37 a écrit :si choc cardiogenique [...] amine vasoactive
Encore des gros mots...
NANA37 a écrit :diuretiques , iec, ic, anti coagulants anti aggreggant plaquettaires
Vu le tableau, les deux diagnostics que l'on peut évoquer si vraiment on vous y invite, c'est l'hémorragie méningée (en premier, à cause des atcd d'HTA et le côté brutal des céphalées, et encore plus si on ajoute un syndrome méningé avec raideur de la nuque et photophobie), et l'accident vasculaire cérébral, soit ischémique soit hémorragique. Donc ça serait une très mauvaise idée de donner un antiagrégant plaquettaire dans cette situation.
D'une manière générale, évitez de parler de thérapeutique. Et quand vous en parlez, ne parlez que des éléments indiscutables (par exemple, dans l'asthme, on peut parler d'aérosol de ß2 mimétiques, mais il vaut mieux éviter de parler de magnésium, d'hélium, de gaz hallogénés...).