Page 1 sur 1

L'anesthésie sans la réanimation (Communiqué SNPHAR)

Posté : 17 déc. 2013, 20:31
par Nozinan
http://www.snphar.com/Default.aspx?intI ... la-une.xml
15/12/2013
La création d’un DES de réanimation exclusif pour lequel se mobilisent depuis plusieurs mois certains réanimateurs « médicaux » aura pour conséquence la suppression du versant réanimation de la spécialité d’anesthésie-réanimation, et son exclusion des unités de réanimation polyvalente ou chirurgicale et des USC où exercent pourtant de nombreux médecins anesthésistes-réanimateurs.

Le SNPHAR-E plaide en faveur du maintien du DES d’anesthésie-réanimation ainsi que du DESC de réanimation médicale et s’opposera avec la plus grande fermeté à tout projet de création d’une filière distincte et exclusive de formation à la réanimation (DES de réanimation médicale qui se substituerait à l’actuel DESC) qui compromettrait fortement l’attractivité de l’actuel DES d’Anesthésie et Réanimation en amputant brutalement de 50% les compétences du métier d’anesthésiste-réanimateur.

Plus de la moitié des médecins anesthésistes-réanimateurs (4738/9930) en public ou en privé exercent une activité de réanimation, dont plus de 1600 effectuant le principal de leur activité en réanimation. La réanimation fait donc partie intégrante de la spécialité d’anesthésie-réanimation et de notre métier, et c’est justement cette polyvalence qui attire les jeunes médecins. Le DES d’anesthésie réanimation, en 5 ans avec 4 semestres de réanimation, 4 semestres d’anesthésie, et 2 libres, est très bien choisi par les internes, l’ensemble des postes étant pourvu par des étudiants classés dans la 1ère moitié du classement à l’ECN. La spécialité est donc très attractive pour les jeunes médecins.

La formation actuelle des DESAR est en cohérence avec la maquette de formation européenne (Diplôme Européen d’Anesthésie et de Réanimation) : cette double compétence est reconnue par tous les pays européens (19) sauf le Royaume Uni, l’Espagne et le Portugal, et ce plus pour des raisons conjoncturelles locales que relevant d’une réelle réflexion politique.

Outre l’attractivité, la compétence médicale actuelle des médecins anesthésistes-réanimateurs (MAR) est liée à cette expertise globale, qui a permis les progrès techniques chirurgicaux par la création d’une filière ou d’un parcours de soins du patient subissant un acte technique en pré, per et post interventionnel et la prise en charge des patients multi-défaillants. La réanimation s’est aussi nourrie de l’expertise en anesthésie qui a amené des avancées notables en terme de prise en charge de la douleur ou de la sédation des avancées notables en réanimation. C’est l’interaction entre ces deux expertises qui fait sa qualité et son caractère irremplaçable. La réanimation n’est pas un plus ni un complément, mais une partie prenante de notre exercice.

Le grand nombre de MAR sur le territoire, en privé comme en public, permet d’assurer une permanence des soins dans les réanimations et les unités de surveillance continue sur l’ensemble du territoire et de ne pas faire supporter cette permanence par les seuls médecins présents la journée dans ces structures. La double compétence permet donc de faire fonctionner ces unités en sécurité avec des médecins formés tout en maintenant des effectifs raisonnables pendant la période diurne ce qui devrait nous être reconnu en ces temps de rigueur budgétaire.

La démographie actuelle des MAR leur permet de faire vivre toutes les structures de réanimation, et même pour 400 d’entre eux les services de réanimation médicale. Le creux démographique actuel, qui n’épargne aucune spécialité, est lié à l’inadéquation du numerus clausus et des effectifs de notre filière lors de sa création. Le seuil de 350 internes AR à former par an pour assurer le remplacement des départs en retraite est dépassé, (383 en 2011, 411 en 2012), sans compter l’arrivée des médecins hors UE (40 par an). Le cap le plus difficile de la démographie est donc en voie d’être franchi : les mesures correctrices ont été prises sous l’influence de la spécialité elle-même.

Il serait coupable de déstabiliser à nouveau notre spécialité en réintégrant par la force les médecins anesthésistes-réanimateurs exerçant principalement en réanimation dans les blocs opératoire. Cette mesure, apparemment séduisante à court terme, aurait pour effet immédiat de provoquer une baisse d'attractivité de la filière pour les jeunes et un départ massif des anesthésistes-réanimateurs vers les structures privées, financièrement bien plus attractives. Possiblement aussi, la remise en cause du métier d’infirmier anesthésiste diplômé d’état dont l’utilité deviendrait alors incertaine. L’effet à moyen terme serait probablement le contraire de celui recherché et nous ne l’accepterons pas.

Nous ne pouvons accepter cette amputation de notre spécialité et appelons tous nos collègues à bien réfléchir aux conséquences que cela pourrait avoir pour leur formation ou leur exercice. Les spécialistes médicaux, néphrologues, cardiologues, pneumologues qui se retrouveraient ainsi enfermés dans une spécialité exclusive et ne pourraient prétendre à un retour dans leur spécialité originelle mais également les chirurgiens dont nous prenons en charge les patients avec la même rigueur avant, pendant, après l’intervention et dans nos réanimations que nous serions contraints d’abandonner.

Nous avons donc alerté avec force et constance les pouvoirs publics sur le caractère inapproprié et irréfléchi de cette démarche dont le postulat initial est tendancieux et partial. C’est avec la plus grande fermeté et la détermination que chacun peut nous reconnaître que nous défendrons l’unicité de notre spécialité aujourd’hui menacée.

En attendant, dans les blocs, les USC et les réanimations, l’anesthésie-réanimation, elle, fait le job !

Nous dénonçons fortement la stratégie mise en place par nos collègues réanimateurs dits médicaux : d’abord une enquête publiée en décembre 2012 (Réanimation) qui a « oublié » les services de réanimation au sein des département d’AR, ainsi que les USC, puis un référentiel USC élaboré dans son coin par la « Fédération de la Réanimation » qui ne cite les MAR que pour prendre les gardes la nuit dans les petites structures d’USC non rattachées à une unité de réanimation !

Sans compter un conflit d’intérêt majeur au sein du Ministère de la Santé, avec la nomination comme Conseiller* d'un des plus ardents défenseurs de l’individualisation de la filière réanimation au sein d’un DES spécifique.

Attaquer notre spécialité, c’est à court terme amputer toutes les spécialités utilisatrices de notre expertise de toutes les avancées qu’elle ont pu faire grâce à notre prise en charge globale : un médecin anesthésiste qui n’aura plus de formation en réanimation ne sera forcément plus aussi compétent devant des situations nouvelles ou à risque.

Les PHAR représentés par le SNPHAR-E sont prêts à se mobiliser pour défendre l’unicité de leur spécialité, la qualité de sa formation, la qualité de son exercice mixte avec passerelles au cours d’une carrière, chacune des composantes enrichissant l’autre, la qualité de leur exercice, l’attractivité de leur spécialité pour les jeunes médecins. Nous sommes fiers de notre spécialité, de comment elle s’est constituée, de ses valeurs, et de comment nous l’exerçons.

Nous sommes prêts, si les menaces se confirment, à engager la spécialité dans un mouvement ferme, et savons que nous serons suivis
* : c'est djillali Annane qui est cité implicitement. Ce conseiller ministériel avait été rencontré par le SNIA lors de l'audience au ministère de la Santé lors du changement de gouvernement.
C'est ce conseiller qui ne comprenait pas que l'on revendique l'encadrement des IADE par des cadres IADE, ce dernier prenait comme exemple son service de réanimation où selon lui ses deux cadres IDE venant d'ophtalmo ou dermato faisaient très bien l'affaire...

Il est intéressant de mettre en parallele le sujet de ce communiqué et le plaidoyer pour une spécialité d'infirmier en réanimation publié sur le site de ... la SFAR : http://www.sfar.org/article/688/recomma ... eanimation
Egalement le fait que les journées IADE de la SFAR se transforment doucement en journées infirmière de réanimation urgence et anesthésie...

Il va peut-être falloir arrêter de rester loyal avec nos collaborateurs si ça continue...

Même si le nouveau directeur général de la Santé est un PUPH-AR, on comprends que la spécialité "anesthésie" n'est pas dans ses petits souliers chez les décideurs...

Re: L'anesthésie sans la réanimation (Communiqué SNPHAR)

Posté : 17 déc. 2013, 21:12
par Capitaine Cousteau
Je ne vois pas le rapport entre la baisse d'attractivité de la spé pour les médecins et la conséquence qui serait la disparition du métier d'IADE induite.

Ou alors, y'en a pas, mais le prétexte est tout trouvé, même tiré par les cheveux.

Re: L'anesthésie sans la réanimation (Communiqué SNPHAR)

Posté : 17 déc. 2013, 21:55
par Nozinan
En effet...
Peut être que dans leur esprit, les 1600 MAR exerçant exclusivement en réa et le temps passé en réa par les MAR d'exercice mixte pourraient remplacer le travail des IADE au bloc...
LOL

Re: L'anesthésie sans la réanimation (Communiqué SNPHAR)

Posté : 17 déc. 2013, 22:26
par iadesp06
Nozinan a écrit :En effet...
Peut être que dans leur esprit, les 1600 MAR exerçant exclusivement en réa et le temps passé en réa par les MAR d'exercice mixte pourraient remplacer le travail des IADE au bloc...
LOL
J'ose même pas imaginer le bordel en fin de semaine...
Ou l'absence de bordel puisqu'il n'y aura rien dans les tiroirs...
Apocalypse Bloc...

Re: L'anesthésie sans la réanimation (Communiqué SNPHAR)

Posté : 17 déc. 2013, 23:56
par Fredester
La suppression du tableau B !!!

Re: L'anesthésie sans la réanimation (Communiqué SNPHAR)

Posté : 15 janv. 2014, 12:16
par Dopamine
Capitaine Cousteau a écrit :Je ne vois pas le rapport entre la baisse d'attractivité de la spé pour les médecins et la conséquence qui serait la disparition du métier d'IADE induite.

Ou alors, y'en a pas, mais le prétexte est tout trouvé, même tiré par les cheveux.
Je pense malheureusement que Nozinan est dans le vrai.

Même si c'est un bien étrange argument (joliment à double tranchant pour le coup).