RéponseNom : DEHOVE Fabrice
Email : miliell chez aol.com
Hôpital : HEGP (AP-HP)
Téléphone : 0637xxxxxx
Madame, Monsieur,
Je me permets de vous écrire pour solliciter votre soutien.
En effet, vous n'êtes pas sans savoir que les infirmiers anesthésistes sont en grève depuis le 11 Mars dernier de manière itérative afin de défendre leur profession face à l'iniquité de l'article 30 du projet de loi sur le renouveau du dialogue social.
Je suis IADE au sein de l'hôpital européen Georges Pompidou et n'appartient pas au SNIA avec lequel vous êtes en pourparlé en ce moment concernant la reconnaissance de notre diplôme en grade master niveau II par l'intermédiaire de pratiques dites "avancées".
En effet, le SNIA ne représente pas la majorité de la population IADE et se battre pour que l'on nous "autorise" à endormir des patients ASA 1 ou à faire des Rachianesthésie, etc... ne témoigne absolument pas, encore une fois, d'une volonté unanime des individus composant ma profession.
Nous voulons simplement être reconnu pour ce que nous sommes, c'est à dire vos collaborateurs attitrés et exclusifs.
Le fait de ne pas nous accorder le grade master revient à nier notre spécialisation de 24 mois et son diplôme d'Etat que vous, médecin anesthésite réanimateur, avez organisé, dispensé et validé.
En effet, sans ce grade master, les IADE deviennent ni plus ni moins des infirmières avec un niveau licence permettant l'ouverture à moyen terme de VAE qui permettra à des IDE et quelques modules de devenir des techniciens d'anesthésie.
Serez vous prêt à les former sur le terrain? à travailler en binôme avec eux? a leur confier vos patients quand vous aurez une consultation en urgence à faire ou une ALR?
L'obtention du grade master est le seul moyen pour nous de conserver notre exclusité de compétences et la valeur ajoutée de notre diplôme d'Etat.
Car, pour être franc, les MAR et les IADE ont peur de la même chose :
un glissement de compétences vers l'échelon "inférieur". Vous tenez à conserver votre exclusivité d'exercice tout comme nous.
Comme dit précédemment, nous sommes vos collaborateurs attitrés et exclusifs et, nous sommes à travers la confiance que vous nous témoignez les garants de la sécurité anesthésique.
Vous n'êtes pas sans savoir que les médias commencent à s'intéresser à nous mais, nous restons persuadés que notre salut ne peut venir que si vous nous accorder votre soutien plein et entier.
Je ne vous parle pas de messages de soutien (ce que vous avez déjà fait) mais plutôt de soutien factuel comme une déclaration à la presse ou pourquoi pas un appel à la grève des MAR le 4 Mai (journée de grève nationale des IADE).
Je suis pleinement conscient que cela puisse vous paraitre segrenu mais en y réfléchissant bien : défendre vos IADE permet de faire une pierre deux coups.
Légitimer les IADE, c'est aussi les remettre à la place qui est la leur : la place du collaborateur attitré et exclusif!
C'est pourquoi je me permets d'en appeler à un soutien sans faille de votre part. Nous travaillons ensemble de jour comme de garde, en semaine comme le week end, sans votre aide, j'ai bien peur que dans un futur proche le binome MAR/IADE ne soit plus qu'un lointain souvenir.
Nous savons qu'avec votre aide Mme la ministre de la santé nous entendra plus clairement et plus fort, car la vox populi médicale est beaucoup plus puissante que celle de la plèbe IADE.
En espérant avoir attiré votre attention, je vous prie, Madame, Monsieur, de croire en l'expression de ma pratique anesthésique la plus fiable.
Fabrice DEHOVE (HEGP)
De : Yves REBUFAT <yrebufat@gmail.com>
A : DEHOVE Fabrice <miliell@aol.com>
Envoyé le : Dimanche, 25 Avril 2010 13:41
Sujet : Re: grèves IADE
Cher Monsieur, cher collaborateur,
Je vous remercie de votre message qui a retenu toute notre attention.
Notre syndicat a effectivement été sollicité il y a de cela plusieurs mois afin de faire entendre vos revendications. Nous y avons répondu favorablement par des messages de soutien publiés sur notre site web relayés par des communiqués de presse. Nous continuons à travailler sur ce sujet, effectivement avec le SNIA mais aussi avec l'UFMICT-CGT, les directeurs d'école, les différents syndicats de médecins anesthésistes du public et du privé, la SFAR, notre société savante, ainsi qu'avec les PUPH de notre spécialité, tout cela pour faire valoir vos arguments auprès de la DGOS. Bien évidemment, cela ne fait pas la une du journal de 20 heures et même si je peux comprendre que cela soit un peu décevant pour vous, c'est cependant la nécessaire réalité de toute négociation. Nous avons d'ailleurs une réunion mardi prochain, le 27 avril à ce propos.
J'attire votre attention sur ce que vous supposez être les revendications du SNIA. La réalité est tout autre. Nous avons trouvé dans le SNIA des interlocuteurs raisonnables et de qualité qui permettront certainement de sortir de ces négociations de manière satisfaisante pour tout le monde. En tant que représentant syndical, je ne peux que me désoler de la faible représentation du SNIA parmi les IADES. Un syndicat fort et représentatif est le seul moyen actuellement de faire entendre ses revendications auprès de nos tutelles et je ne peux que vous encourager ainsi que tous vos collègues à vous syndiquer et croyez-moi, vos syndicats font parfaitement leur travail.
En ce qui concerne votre demande d'appel à la grève des MAR pour le 4 mai, cela nous semble dans le contexte assez difficile. Vos revendications, même si elles sont légitimes, sont avant tout catégorielles et je vois difficilement les MAR se mettre en grève pour cela. Feriez-vous grève pour notre statut et nos retraites ? De plus, comme vous le savez surement, le dépôt d'un préavis de grève est obligatoire et le délais est trop court pour que notre conseil d'administration, dont la prochaine réunion est prévue le 13 mai, puisse le voter. J'espère néanmoins que votre mouvement sera largement suivi par vos collègues, seul moyen de maintenir une certaine pression sur nos interlocuteurs dans cette négociation. Vous comprendrez certainement que cela repose entièrement sur votre mobilisation et celle de vos collègues.
Pour terminer, croyez bien que tous les interlocuteurs ont parfaitement saisis les aspirations légitimes de la majorité des IADES, que vous évoquez, et c'est en ce sens que nous travaillons pour faire avancer vos revendications.
Bien cordialement
Dr Yves REBUFAT
Secrétaire Général
yves.rebufat@snphar.fr